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d’après tous les carnets de route, se trouvent les régimens de von Hausen. Son armée arrive, mais elle arrive sur ses boulets. L’une des plus graves fautes de l’état-major allemand, surtout au début, fut de ne pas compter avec les moyens physiques des hommes : la nature a ses droits. Il résulte des carnets allemands que l’armée von Hausen n’eut pas la force de se jeter sur l’ennemi au moment où deux ou trois divisions lui étaient offertes comme une proie. Que pesait la 52e division de réserve en face d’une armée de 120 000 hommes ?

Von Hausen ne fit rien ; il ne sut pas se baisser pour ramasser le succès. A partir de ce jour, il fut en retard. Par la suite, von Hausen fut disgracié, et il fut disgracié en raison de cette faute grave. Les écrivains allemands l’ont accablé de leurs critiques sanglantes : « Ce n’est que le 23 août, disent-ils, que la Meuse fut franchie. Si l’état-major de la IIIe armée (armée saxonne von Hausen) avait pris de meilleures dispositions, le passage de la Meuse aurait pu être effectué bien plus vite. Ce retard a, vans doute, contribué aux insuccès de l’armée allemande dans les premiers jours de septembre et les forces allemandes marchant sur Paris ont dû être groupées différemment. » Nous relevons donc là une des origines avérées et avouées de la défaite allemande sur la Marne.

Mais les raisons qui viennent d’être données ne suffiraient pas pour expliquer l’échec de la manœuvre allemande : la cause principale fut le désordre jeté dans le fameux mouvement en éventail, dont la marche de l’armée von Hausen n’était qu’une partie. En fait, l’offensive française qui, d’après les ordres écrits, avait pour objet « de tomber dans le flanc des armées allemandes en marche, » tomba réellement dans le flanc des armées allemandes. Ce n’était pas celles de, von Klück et de von Bülow, mais c’était celles du kronprinz, du duc de Wurtemberg et de von Hausen. Ce furent celles-ci qui furent surprises, mais elles le furent. Comme elles s’étaient mises en mouvement pour se porter d’Est en Ouest, ainsi qu’il a été dit ci-dessus, elles furent attaquées en pleine marche, et contraintes de faire face au Sud soudainement ; leur mouvement n’ayant pas eu le loisir de se développer, elles ne purent arriver sur la Meuse à temps.

Von Hausen ne sut pas élargir la fissure qui existait entre notre 5e et notre 4e armée. La liaison fut maintenue entre