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commandement ; il en est qui viennent des dispositions du soldat jeté si soudainement dans la mêlée.

Sur les défectuosités de la préparation générale, il n’y a pas lieu d’insister ici : elles ne s’appliquent pas, en particulier, à la bataille des Ardennes. L’Exposé de six mois de guerre — document semi-officiel — les indique en ces termes dans la partie qui se rapporte spécialement à ces rencontres :

« Le 21 août l’offensive commença au centre avec dix corps d’armée. Le 22 elle ne réussit pas, et ce revers sembla sérieux. Ses raisons sont complexes. Il y eut des fautes individuelles et collectives dans cette affaire : des imprudences commises sous le feu de l’ennemi, des divisions mal engagées, des déploiemens téméraires et des retraites précipitées, un gaspillage prématuré d’hommes et finalement insuffisance de certaines de nos troupes et de leurs chefs en ce qui concerne l’emploi de l’artillerie et de l’infanterie. En conséquence de ces erreurs, l’ennemi, profitant de la difficulté du terrain, put tirer le maximum de profits et d’avantages que lui donnait la supériorité de ses cadres subalternes. »

Le général Ruffey, dont l’autorité est hors de pair, observait, en effet, que depuis le commencement de la campagne les consommations de munitions d’artillerie avaient été en général trop faibles. « L’artillerie tire peu, disait-il, parce qu’elle ne voit rien. Or ce serait une grave erreur de croire que cette absence d’objectifs visibles doive être une cause d’abstention de la part de l’artillerie. En réalité pour procéder à une offensive sur un point choisi, la préparation de l’attaque de l’infanterie doit être faite en battant systématiquement la position attaquée sur une longueur et une profondeur déterminées en raison de l’importance de l’attaque et de l’organisation du point attaqué. Ce tir doit être commencé dès que l’infanterie prend sa formation de combat et continué jusqu’au moment où l’abordage va se produire. De même, dès qu’un indice quelconque révèle la présence de l’artillerie ennemie en arrière d’une crête ou sur un point caché, un tir en profondeur doit se produire de manière à dominer cette artillerie, dût ce tir être exécuté à de très grandes distances. Exécuté par zones avec nos puissans explosifs, il atteindra souvent le résultat cherché. » La note faisait observer aussi que notre infanterie ayant beaucoup souffert du feu des mitrailleuses ennemies, il fallait, par tous les moyens,