Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 37.djvu/751

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur certains points, dans l’ensemble les forces opposées ne furent pas véritablement disproportionnées.

Résumons en quelques lignes la situation et les projets des deux armées qui s’opposent sur le front des Ardennes à la date du 19 août, jour où, d’un mouvement simultané, elles vont à la rencontre l’une de l’autre : 14 corps d’armée allemands sont en face de 12 corps d’armée français. Les Allemands ont constitué cette armée du centre, non seulement pour caser leurs nombreux effectifs, mais pour prendre, à gauche de l’armée von Klück, le pas du mouvement et pour déboucher ainsi par Verdun sur la Marne et la Seine : ces marches, « qui utilisent tous les réseaux routiers » et qui se combinent avec celle du prince héritier de Bavière, constituent la fameuse « manœuvre concentrique. »

Les Français se sont établis sur la frontière pour la défendre. Mais, voyant le nuage qui s’amasse de ce côté, le haut commandement se décide à se porter en avant pour briser le centre allemand : on espère le prendre en flagrant délit au moment où il prononce sa marche de flanc. Si cette offensive réussit et si on parvient à couper les armées allemandes, on essaiera de les rejeter, d’une part sur la mer du Nord, d’autre part sur la route de Trêves où une poursuite vigoureuse retrouvera le débouché du Rhin.


Préparatifs de la lutte. — Les deux armées étant en présence, les directions générales de leur action étant connues, voyons comment il fut procédé à l’exécution.

Comme nous l’avons vu, l’initiative et l’offensive appartiennent aux armées françaises ; mais elles se heurtent aux armées allemandes, elles-mêmes en mouvement. Donc, de part et d’autre en partie, il y a eu manœuvre, — en partie il y a eu rencontre.

La manœuvre allemande, telle que les faits la révèlent, est assez complexe. Comme nous l’avons indiqué, elle se déclenche, à la date du 19, en même temps que les armées de von Klück et de von Bülow se sont mises en mouvement.

Imaginez un large éventail posé sur toute la Belgique et ayant la poignée vers Thionville. Il s’ouvre de telle sorte que ce sont les formations les plus voisines de la mer qui font le grand tour et, comme on dit, l’aile marchante. Au fur et à