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C’est donc un total de 550 ou 600 000 hommes qui se sont insinués dans les deux Luxembourg ; selon les dires des gens du pays, les bois « grouillent d’Allemands. »

En accumulant des forces si considérables sur cette frontière et en prenant des précautions si extraordinaires à la fois pour les cacher et pour organiser leurs positions, le grand Etat-major allemand ménageait à l’Etat-major français une « surprise. » C’est ce qui résulte de tous les documens publiés, jusqu’ici, en Allemagne : c’est ce qui résulte de l’examen de la carte, et c’est ce qui résulte surtout de la suite des événemens. Si les armées françaises se risquent dans cette région et abordent cette masse, elles auront une « surprise » en effet ; mais leur offensive hardie, et qui semble n’avoir pas été prévue par les chefs adverses, dérangera, en revanche, quelque grand projet.


Forces françaises sur la frontière entre Givet et Audun-le-Roman. — À ces forces allemandes, quelles forces françaises étaient opposées ?

Il y a lieu de rappeler, d’abord, que, dans la toute première phase de la mobilisation, alors que la violation de la neutralité belge n’avait pas encore révélé le plan « génial » des Allemands, la frontière entre Meuse et Moselle était occupée par la 5e armée (général Lanrezac), la 3e armée (général Ruffey) et les divisions de réserve destinées à couvrir Verdun et, le cas échéant, à se porter sur Metz. Quand le mouvement de l’aile droite allemande sur la basse Belgique se fut révélé, on déplaça la 5e armée (renforcée d’élémens nouveaux) et par une « marche en crabe », elle glissa de droite à gauche se portant de la Meuse sur la Sambre ; la 4e armée vint la remplacer sur la frontière. Par suite, à la date du 19 août, les troupes françaises du front des Ardennes sont constituées ainsi qu’il suit : Deux armées, la 3e et la 4e se trouvent là réunies et en plus, à droite, un certain nombre de divisions de réserve. Mais, à partir du 19, ces divisions sont constituées en une armée indépendante, l’armée de Lorraine.

Donc, en procédant de l’Est à l’Ouest, nous trouvons :

L’armée de Lorraine (général Maunoury) agissant au Nord de Verdun et jusque dans le voisinage d’Etain : Elle se compose du groupement du général Pol Durand, 54e, 55e, 56e, 67e divisions de réserve, plus les 65e et 75e divisions de