Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 37.djvu/708

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plate-forme qui court sur la superstructure du ballon, deux à l’arrière de cette plate-forme (celles-ci ne sont plus employées pour les raisons que nous avons données). Ces mitrailleuses supérieures sont destinées à la défense contre les aviateurs qui voudraient survoler le ballon pour lui lâcher des bombes ; on sait par maint exemple dont nous nous réjouissons qu’elles ont plus d’une fois déjà failli à cette mission. Les mitrailleuses sont du type normal de 8 millimètres de l’armée allemande, avec cette seule différence que les cartouches en sont chargées d’une poudre spéciale ne produisant que très peu de flamme à la gueule des mitrailleuses ; cela afin de diminuer les dangers d’explosion. La plate-forme supérieure communique d’ailleurs par des échelles traversant le ballon avec la passerelle.

L’armement est complété par un chargement de bombes dont le poids total est de 2 350 kilos dans les dirigeables allemands de 54 000 mètres cubes ainsi réparties : 2 bombes de 300 kilos ; 100 bombes de 10 kilos, 50 bombes de 15 kilos. Il y faut ajouter une vingtaine de bombes incendiaires qui, elles, ne sont pas lancées mécaniquement et électriquement comme les autres, ainsi que je l’ai expliqué, mais à la main.


La force ascensionnelle des derniers superzeppelins de type L 33 est d’environ 60 tonnes ; c’est-à-dire que leurs 54 000 mètres cubes d’hydrogène sont capables de soutenir dans l’air le poids énorme de 60 000 kilos.

Voici à peu près comment est utilisée cette grosse capacité de transport. Le lest-eau compte pour environ 12 tonnes, l’essence et l’huile des moteurs 6 tonnes, l’équipage et ses vivres 2 tonnes et demie, les mitrailleuses, leurs munitions et les bombes pour 3 tonnes et demie.

À ces 24 tonnes qui constituent la charge utile transportée, il faut ajouter les 36 tonnes qui constituent le poids mort du ballon, savoir : environ 19 tonnes pour la carcasse rigide et son revêtement d’étoffe (poids qui peut paraître énorme et qui est cependant relativement faible, puisqu’il ne correspond qu’à 95 kilos au mètre courant) ; 5 tonnes pour les moteurs, 6 pour les nacelles, 6 pour les ballonnets.

Ainsi chargé, l’aéronef peut marcher à une vitesse de 80 kilomètres à l’heure (22 mètres par seconde), qui lui permet de braver presque tous les vents, et cela pendant vingt heures consécutives.