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supplémentaire qui diminue la force ascensionnelle disponible d’une quantité importante, qui reste au contraire utilisable pour le chargement dans les dirigeables souples. C’est ainsi qu’un ballon rigide pèse à peu près un tiers de plus qu’un souple de même cube ; et par conséquent un ballon souple de 10 000 mètres cubes est assimilable au point de vue du chargement transportable à un rigide de 12 000 à 15 000 mètres cubes.

Cet inconvénient des rigides s’atténue d’ailleurs beaucoup à mesure que le cube augmente : en effet, à mesure que croît le volume d’un dirigeable souple, il faut recourir à des tissus de plus en plus forts et épais pour que l’enveloppe résiste aux efforts auxquels elle est soumise. Il n’en est pas de même dans les rigides où, comme nous le verrons, pour augmenter le cube, on se contente d’ajouter une ou plusieurs cellules supplémentaires faites des mêmes matériaux que les précédentes. Il arrive ainsi un moment où le poids mort du rigide ne dépasse plus celui du ballon souple de même volume.

Tel est certainement le cas des derniers zeppelins géans dont nous allons parler, et on peut assurer (bien que la comparaison expérimentale soit impossible puisqu’il n’y a pas de dirigeables souples aussi volumineux) que leur poids mort n’est certainement pas supérieur à celui qu’aurait un souple de même capacité.

Ce n’est pas seulement pour échapper à l’une de leurs infériorités passées par rapport aux dirigeables non rigides que l’ennemi a construit des zeppelins énormes. C’est surtout pour d’autres raisons beaucoup plus sérieuses.

Sans vouloir revenir en détail sur la théorie bien connue des aérostats, il me suffira de rappeler que c’est la faible densité du gaz, contenu dans le ballon, qui permet à celui-ci de s’élever dans l’air, de même que c’est la faible densité d’un morceau de bois attaché au fond de l’eau qui le fait remonter dans celle-ci lorsqu’on le détache. Ce sont là choses que nul n’ignore plus depuis qu’Archimède fit dans Syracuse un grand scandale qui l’a conduit à la gloire et qui peut-être aujourd’hui l’eût mené seulement en police correctionnelle.

La force ascensionnelle fournie par un mètre cube d’hydrogène est d’un peu plus d’un kilo, c’est-à-dire qu’un mètre cube d’hydrogène est capable de soulever ce poids. La force ascensionnelle d’un ballon est évidemment proportionnelle à son volume. Nous allons voir qu’il y avait grand intérêt dans les dirigeables militaires à rendre celle-là et partant celui-ci aussi considérables que possible.