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l’emprunt extérieur, ou la réalisation des capitaux extérieurs. Dès l’été de 1915, au moment où le change anglais était le plus bas, l’Angleterre et la France réussirent à conclure à New-York un emprunt commun de 500 millions de dollars, à 5 pour 100 pour 5 ans. Cet emprunt, dit emprunt « de change, » et dont la négociation fut assez laborieuse, eut pour effet de faire assez rapidement remonter le taux de la livre sterling à New-York aux environs du « point d’or, » à 4 dollars 75. Mais ce n’était là qu’un expédient temporaire. Il fallait aviser au moyen de combler le déficit extérieur de l’Angleterre pour une longue période de guerre, et pour cela il fallait « mobiliser » les valeurs étrangères appartenant aux Anglais et les vendre ou les engager pour payer l’Amérique : c’est à quoi le chancelier de l’Echiquier procéda fort habilement, en deux étapes.

L’Angleterre possédait, dit-on, avant la guerre pour 4 milliards sterling de valeurs étrangères de toutes sortes. Tout n’était pas liquide, négociable ; il était d’ailleurs impossible de trouver marchand pour le tout. Pratiquement, seuls les États-Unis étaient acheteurs, et ils ne l’étaient que de leurs propres valeurs, des valeurs américaines. De ces valeurs américaines, on estime qu’il y avait au début de la guerre en Angleterre pour 600 millions de livres (d’aucuns disaient davantage, jusqu’à 800 ou 1 000) ; une bonne partie avait déjà été réalisée à la fin de 1915. Ce qui restait, M. Mackenna résolut de s’en servir : il demanda aux porteurs de vendre leurs titres à la Trésorerie, à un prix légèrement supérieur au cours du jour, contre paiement en numéraire ou en bons du Trésor, ou bien encore de les lui prêter pour deux ans moyennant une bonification annuelle de 1/2 pour 100 du capital, étant entendu que la Trésorerie garderait le droit d’acheter les titres à toute époque en en payant le prix au cours du jour du dépôt, plus une prime de 2 1/2 pour 100. Les titres vendus à la Trésorerie seraient écoulés par elle aux États-Unis ; les titres prêtés lui serviraient à se faire ouvrir des crédits : d’une façon ou de l’autre, l’Angleterre se procurerait des disponibilités en Amérique. Au bout de quelques mois, comme les titres demandés par la Trésorerie, qui d’abord