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groupes » en conflit, une telle part, ne fût-ce que par sa sollicitude pour nos blessés, nos malades et nos prisonniers, que nulle parole, venant d’elle, ne saurait nous paraître « inamicale. »

De même, les États Scandinaves, les gouvernemens danois, norvégien et suédois, ont, le 29 décembre, officiellement « adhéré à la note du Président Wilson sur les mesures propices à faciliter une paix durable, » déclarant « qu’ils regarderaient comme une défaillance aux devoirs envers leurs peuples et envers toute l’humanité, s’ils n’exprimaient pas leur sympathie la plus vive pour tous les efforts de nature à contribuer à mettre fin aux souffrances, aux pertes morales et matérielles qui sont la conséquence toujours croissante de la guerre. » Et ce sont toujours de nobles sentimens, mais il est remarquable que l’expression en devienne de plus en plus platonique, et que le ton, à mesure que l’on avance, aille decrescendo. Le Souverain-Pontife lui-même, parlant le jour de Noël au Consistoire des cardinaux, n’a dit de la paix, en général, que ce qu’il ne lui était pas permis de n’en pas dire en un tel lieu, dans un tel jour, non plus qu’il ne serait permis à un prédicateur, parlant de la charité, de ne pas dire qu’il faut la faire.

Ensuite sont venues les excuses. Le 30 décembre, le Gouvernement espagnol, répondant, après réflexion, à la note de M. Wilson, a déclaré formellement : « Le Gouvernement de Sa Majesté estime que le Président de la République Nord-Américaine ayant pris cette initiative et l’impression diverse qu’elle a produite étant déjà connue, la démarche à laquelle les États-Unis invitent l’Espagne n’aurait aucune efficacité, d’autant plus que les Empires centraux ont déjà exprimé leur ferme intention que les conditions de paix soient concertées entre les seules Puissances belligérantes. » Sans se refuser « à toute négociation ou accord destiné à faciliter l’œuvre humanitaire qui mettra fin à la guerre actuelle, » l’Espagne est résolue « à laisser en suspens son action et à la réserver pour le moment où les efforts de tous ceux qui désirent la paix pourront avoir plus d’utilité et d’efficacité que maintenant et où une intervention sera susceptible de donner de bons résultats. » À la lecture de cette note si ferme et si fière, le vieux sang latin s’est reconnu ; il y a retrouvé la trace d’une origine, la marque d’une culture, l’accent que seule peut donner une longue tradition ; si c’est de l’orgueil, que nos alliés nous le pardonnent : nous ne voulons nous en prévaloir que pour mieux-servir la cause commune. L’Espagne a d’ailleurs appuyé sa réponse au gouvernement américain par une protestation