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dernière ? Entre les partis opposés, les pacifistes, les neutralistes désintéressés et sincères, haussent les épaules : puisque désormais il est établi, — et ce point pour eux ne fait plus de doute, — qu’il ne peut plus y avoir de victoire décisive, ni pour l’Entente, ni pour les Empires du Centre, c’est la pire des folies et le pire des forfaits de poursuivie sans profit l’inutile boucherie. Neutralistes, ils ne poussent pas le Président à une intervention inopportune ; mais, pacifistes, ils ne le décourageraient pas, s’il croyait opportun d’intervenir. Tel est, à la fin de novembre et au début de décembre, le partage de l’opinion américaine sur la question de la guerre ou de la paix, que l’hypothèse fort plausible d’un redoublement de la campagne sous-marine rend pour elle de plus en plus brûlante ; telle est l’atmosphère, l’ambiance dans laquelle vont tomber, le 12 décembre, le nouveau discours du Chancelier au Reichstag allemand, et la note des quatre gouvernemens alliés à leurs adversaires et aux neutres, tout cet ensemble de déclarations officielles, de conversations officieuses, et d’insinuations dirigées ou autorisées, qui constitue ce qu’ils ne craindront pas d’appeler leurs « ouvertures » ou même leurs « propositions » en vue de parvenir au prompt rétablissement de la paix.

L’intervention, sous une forme quelconque et dans une mesure quelconque, du président Wilson n’apparaissait pas en somme, à la fin de novembre et au commencement de décembre, comme improbable. Elle était recherchée, souhaitée, appelée, sinon annoncée, en dehors des États-Unis, en Europe même. Où et par qui ? Ouvertement, et dans plusieurs pays belligérans, par le parti socialiste; pour être absolument juste, par certaines fractions du parti socialiste dans certains pays. En Italie, aux tout premiers jours de décembre, avant le discours de M. de Bethmann-Hollweg, — nous avons déjà signalé le fait, mais il vaut qu’on y revienne, — le Parti socialiste officiel, correspondant de notre Parti socialiste unifié, avait présenté à la Chambre la motion suivante : « La Chambre invite le gouvernement à se faire auprès des gouvernemens alliés l’interprète autorisé de l’urgente nécessité de provoquer, par la médiation de la Confédération Nord-américaine et des États neutres, la convocation d’un Congrès de représentans plénipotentiaires des États belligérans, avec le mandat, les hostilités étant suspendues, d’établir, à la lumière de principes proclamés d’un commun accord, les objectifs et les revendications concrètes des parties en litige pour une prochaine solution du conflit et pour le salut de l’Europe. » Jetons le papier doré qui enveloppe la pilule, le respect du droit des gens, la sauvegarde des petits États, la