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Fustel de Coulanges, un ensemble d’êtres ayant une communauté d’idées, d’intérêts et d’espérances.

On peut imaginer divers systèmes de contributions auxquels seraient soumis les citoyens ayant moins de trois enfans à leur charge, pour alléger les dépenses que leur excédent de famille impose à ceux qui en ont plus de trois. Il pourra s’agir de dégrèvemens partiels pour ces derniers, ou bien d’autres taxes sui generis faciles à imaginer. Le détail importe peu ici, et qu’on n’aille pas faire la ridicule objection qu’on frappera ainsi des gens qui, bien malgré eux, n’ont pas trois enfans. Il ne s’agit pas de frapper qui que ce soit, et il n’y a dans les dispositions précédentes aucune idée de pénalité ; il y a seulement une tendance vers l’égalisation des charges familiales entre tous les citoyens. Avec les ressources ainsi obtenues, l’Etat pourra donner tout d’abord des allocations et des primes à la naissance.

Avec les allocations, on se propose d’arriver à la famille nombreuse, nous entendons par-là la famille de plus de trois enfans. Les statistiques montrent que, du moins dans les campagnes, la dépense annuelle indispensable pour élever un enfant jusqu’à l’âge de treize ans est au minimum de 180 francs. Nous demandons que tout chef de famille, ayant plus de trois enfans vivans à sa charge, reçoive de l’Etat une allocation annuelle de 180 francs par enfant de moins de treize ans, au-delà du troisième, l’allocation restant due pour cet enfant jusqu’à la fin de la période indiquée, quoi qu’il advienne des trois premiers.

En vertu du principe posé, cette allocation doit être donnée indistinctement à toutes les familles de plus de trois enfans. Ce n’est pas un secours, c’est le paiement d’une dette contractée par la nation. Vouloir restreindre cette allocation à certaines catégories de citoyens, c’est fausser complètement l’idée directrice de ce projet.

La dette de la France à l’égard des familles nombreuses est encore plus manifeste, quand il s’agit des veuves. Aussi demandons-nous que la veuve, qui a ou qui a eu quatre enfans vivant simultanément, reçoive l’allocation annuelle de 180 francs par enfant vivant, non plus seulement pour le quatrième enfant et les suivans, mais aussi pour le troisième.

Les allocations ont pour objet la famille nombreuse. Dans notre pensée, on se proposerait avec la prime à la naissance, qui est tout autre chose, d’arriver à la famille que nous