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Un congé était accordé au vieux voïvode Poulnik ; la réorganisation de l’état-major général était préparée ; mais, pour que des mesures utiles pussent être prises, il fallait la présence du ministre de la guerre. Le titulaire de ce portefeuille séjournant à Salonique, un successeur dut lui être donné par le Cabinet. Ce fut le colonel Terzitch. Le nouveau ministre de la Guerre jouissait dans l’armée comme parmi le peuple d’une grande autorité ; on l’estimait pour son honnêteté, son esprit de décision et pour les réelles qualités de commandement dont il avait fait preuve à la tête de la division de Choumadia. Le colonel Terzitch avait été personnellement désigné par le Régent au choix de ses ministres et aucune nomination ne pouvait être plus heureuse au moment où arrivait en Albanie le général de Mondesir avec l’importante mission militaire que le gouvernement de la République avait tenu à mettre à la disposition du gouvernement serbe pour la réorganisation de son armée.

En raison de l’impossibilité d’assurer d’une façon régulière le ravitaillement par Saint-Jean de Médua, cette réorganisation ne pouvait se faire dans la région de Scutari. Après d’assez longues hésitations, le Régent, l’état-major général et le Gouvernement reconnurent la nécessité du transport de l’année sur un terrain plus favorable. Une fois ce parti pris, ils s’en rapportèrent entièrement aux Alliés pour le choix de la région et pour la préparation de toutes les mesures qu’entraînerait l’évacuation, le départ de l’armée devant être accompagné du départ du Gouvernement et de celui des nombreux fonctionnaires et des milliers de réfugiés qui avaient suivi le Gouvernement dans sa retraite. La Serbie remettait ainsi son sort entre les mains des Alliés, elle les suppliait seulement de prendre de rapides décisions.

La situation devenait en effet difficile à Scutari ; les autorités monténégrines s’accommodaient mal de la présence des Serbes à l’égard desquels les Albanais, excités par des agens autrichiens, témoignaient les plus mauvaises dispositions ; les Bulgares d’autre part avançaient sur Elbassan et menaçaient la vallée du Mati. De Durazzo, Essad pacha avertissait le Gouvernement des risques qu’il courait à Scutari ; il l’engageait à se retirer auprès de lui pendant que les communications étaient encore libres, car il craignait, si les Italiens ne venaient pas promptement à son secours, d’être obligé d’évacuer Durazzo.