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apparaît aux limites de son horizon, mais aussi et surtout de fausser les bases de ses calculs de distance au but qu’il s’efforce d’atteindre ? On peut beaucoup obtenir, dans cet ordre d’idées, par des artifices de peintures habilement distribuées : fausse ligne de flottaison, fausse longueur totale du bâtiment, fausse hauteur des mâts et des cheminées, etc., etc.

Entendez bien, d’ailleurs, que l’on se gardera d’entreprendre ces petites opérations dans le port de départ, surtout s’il s’agit de Marseille ou de Salonique. C’est aussitôt hors de vue des yeux indiscrets et malveillans qu’il convient d’y procéder. Si la mer s’y oppose, on n’hésitera pas à relâcher aux îles d’Hyères ou sur la côte de Chalcidique, où les mouillages ne manquent point. Préparé à l’avance, le travail ne sera d’ailleurs pas long[1]… »

Ai-je besoin d’ajouter qu’il ne faut pas embarquer de munitions pour l’armée sur les transports de personnel ? C’est bien assez de celles des canons du bord. Et je n’hésite pas à dire que ces dernières, — dont il est inutile de faire un approvisionnement considérable, — ne doivent pas être placées à fond de cale, comme on le fait, nécessairement, pour les bâtimens de combat, les vrais navires de guerre. Le capital danger pour un paquebot-transport, accidentellement armé, c’est qu’un coup de torpille ou de mine détermine l’explosion d’une soute à munitions. Mieux vaut, de beaucoup, s’exposer au péril d’une explosion de ce genre provoquée, au-dessus de la flottaison ou sur le pont même, par un obus de 88 millimètres. Il y a, au demeurant, des moyens d’éviter ou de pallier un inconvénient dont je ne nie pas l’importance.

Télégraphie sans fil, appareils de sauvetage collectifs ou individuels, embarcations nombreuses et perfectionnées, moyens assurés d’amener promptement les canots à la mer malgré l’inclinaison du navire éventré, tout cela mériterait de retenir notre attention ; mais le moment est venu de conclure, puisque aussi bien, en examinant quelques-uns des cas particuliers que déterminent les lieux et les temps, non seulement j’ai montré l’abus fâcheux que l’on fait des généralités et des principes abstraits dans la recherche des solutions

  1. Il serait aussi fort intéressant de supprimer la fumée du navire en marche, la fumée qui le révèle de si loin ! Il y a longtemps qu’on s’occupe de cette question… Est-elle enfin résolue ?