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sacrifices d’argent ne sont pas les plus pénibles pour moi. Au mois de janvier, je serai plus tranquille et j’espère au printemps prochain t’aller voir, l’esprit plus content et mon revenu libre de toute dette. Adieu, mon cher fils, je t’aime et t’embrasse tendrement.

« JOSEPHINE. ; »


A Malmaison, le 25 décembre (1811).

« Ta lettre m’a fait le plus grand plaisir, mon cher Eugène. Tu ne pouvais me donner une nouvelle plus agréable que la grossesse d’Auguste[1]. Je partage ta joie et même tes espérances, car je me flatte aussi que ce sera un garçon. Voilà ta famille qui s’augmente. Cela m’engage à faire des économies dont tes enfans pourront profiter un jour. Je m’occuperai dans un an à augmenter et à embellir Navarre. J’aurais désiré te mander aujourd’hui que toutes mes dettes étaient payées. Tous les fonds sont faits, même au-delà de ce que je dois, mais mon intendant attend pour payer que M. Mollien soit moins occupé des affaires de l’État pour s’occuper des miennes dont il est chargé par l’Empereur[2]. Comme je pense qu’Auguste ne fera pas beaucoup de toilette cet hiver, je lui envoie une robe de dentelle de point d’Alençon que je te prie de lui offrir de ma part pour ses étrennes. Adieu, mon cher fils, recommande bien à Auguste de se ménager ; je vous embrasse tous deux bien tendrement et mes petits-enfans.

« JOSEPHINE. »


(Décembre 1811 ? )

« J’ai différé de t’écrire, mon cher Eugène, afin de pouvoir t’assurer positivement une chose qui te fera plaisir : c’est que mes affaires sont terminées et toutes mes dettes payées. Voilà les étrennes que je t’envoie cette année et je connais si bien ta tendresse pour moi que je suis sûre qu’elles te seront agréables. J’en ai reçu de bien douces aussi en apprenant la nouvelle

  1. Elle était enceinte d’Amélie-Auguste-Eugénie qui naquit à Monza, en présence de sa grand’mère le 31 juillet 1812, fut mariée en 1829 à Dom Pedro Ier empereur du Brésil et mourut à Lisbonne en 1873.
  2. Les belles résolutions de Joséphine au sujet de l’équilibre de ses finances ne l’amènent qu’à faire des dettes plus fortes. Les entretiens de Mollien avec l’intendant, M. de Montlivault, les dispositions prises par celui-ci et approuvées par l’Empereur ont cet unique résultat.