Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 36.djvu/711

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui tendrait à prouver que les explosifs employés dans nos obus sont très supérieurs à ceux qu’avaient alors les Russes et les Japonais.

Enfin l’expérience de Tchataldja où les Turcs retranchés d’une mer à l’autre, derrière des fils de fer, avec leurs canons défilés, arrêtèrent net, et neutralisèrent le torrent de l’offensive bulgare, est venue achever la leçon impérieuse que dégageaient les dernières guerres.

A ces vues d’ensemble si remarquables, exposées par les précurseurs que nous venons de citer, il faut ajouter les études concrètes et détaillées que certains officiers frappés par les enseignemens des trois dernières guerres ont publiées, à diverses reprises, sur la transformation de la tactique. Parmi elles il y a lieu de signaler tout particulièrement celles que le capitaine Fliecx, en 1913 et 1914 a publiées dans le Journal des Sciences militaires et qui fourmillent d’aperçus neufs et ingénieux et de prévisions techniques dont la présente guerre a démontré la clairvoyance.

Quelques-unes des inductions du capitaine Fliecx ne se sont pas trouvées vérifiées par les faits, mais un grand nombre en revanche ont subi victorieusement l’épreuve de la réalité. Les quelques citations suivantes le démontreront :

« La pelle-bêche (ou pelle-pioche) est devenue une arme aussi utile que le fusil pour la progression en avant d’une infanterie qui combat… Morale : faisons de bons terrassiers comme nous faisons de bons tireurs. Créons des champs de fortification, de terres, de cultures, de sites variés et travaillons-y autant qu’aux champs de tir… La prochaine guerre aura la forme qu’elle a eue en Mandchourie à cause des énormes effectifs qui alourdissent les armées comme autrefois les cuirasses et les armures alourdissaient les troupes…

«… Il faudrait peut-être convenir que le canon est désormais le roi de la bataille sur terre comme il l’est depuis longtemps sur mer. Avant que les fantassins ne se soient, par l’attaque et l’assaut, rendus maîtres effectivement de la position, il faudra que les artilleurs en soient les maîtres à distance, en ce sens que pas un geste de l’ennemi, pas une menace n’y soient passibles de la rude sanction de leurs obus. Sans canons libres de leur tir, la victoire d’infanterie est impossible ou presque ; sans mouvement en avant, la victoire d’artillerie est illusoire.

«… Y aura-t-il assez de sapeurs pour toutes les compagnies qui attaqueront ? Aide-toi, fantassin, le sapeur t’aidera. » Certaines de ces