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vote, ils savent mieux que personne quelle base inébranlable la richesse et l’honnêteté des habitans, la fertilité du sol et les ressources de toute nature donnent au crédit français.

Emprunts à l’étranger. — Les nécessités de la guerre font que nous avons beaucoup à payer au dehors. Nous importons des matières premières, des combustibles, des objets d’alimentation, des armes, des munitions. Les principaux pays qui nous les fournissent sont l’Angleterre et les États-Unis. Il était donc naturel de chercher à nous créer à Londres et à New-York des disponibilités, pour acquitter au moins une partie de nos dettes autrement qu’en expédiant de l’or ou en réalisant des titres. Telle fut l’origine des emprunts que nous avons contractés chez nos alliés et en Amérique. La première opération conclue dans ce dernier pays a été une émission de 500 millions de dollars, empruntés au mois de septembre 1915, conjointement par la France et l’Angleterre, qui ont participé chacune pour moitié au produit et aux charges de l’affaire. Les obligations, qui rapportent intérêt au taux de 5 pour 100 l’an, sont remboursables en 1920, ou convertibles à cette échéance, si les porteurs en font la demande, en titres 4 et demi pour 100. Ces titres 4 et demi seraient remboursables au plus tôt en 1930, au plus tard en 1940. Une seconde opération conclue aux États-Unis a porté à 1 476 millions de francs le total des ressources que nous nous étions procurées de ce côté à la date du 31 juillet 1916. Elle a consisté en une ouverture de crédit consentie par un consortium des principales banques américaines. Depuis lors, des dollars ont encore été mis à la disposition du gouvernement français par l’intermédiaire de grandes sociétés industrielles ayant traité avec leurs correspondans d’outre-Atlantique.

Sur le marché de Londres, le gouvernement français a émis des Bons du Trésor, qui ont été placés au même taux que ceux de l’Echiquier anglais. Cette condition nous a d’abord été avantageuse, parce que, au début de la guerre, les Bons anglais coûtaient à l’emprunteur moins que les nôtres. La situation est inverse depuis quelques mois. Au 31 juillet 1916, nous avions négocié en Angleterre pour 2 315 millions de Bons.

D’autres crédits ont été négociés chez certains pays neutres, auxquels nous avons demandé une partie des approvisionnemens que nous importons.

La nécessité de ces emprunts à l’étranger s’explique par