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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La glorieuse journée du 24 octobre, devant Verdun, a eu pour pendant la journée, non moins heureuse, du 2 novembre, où, « sous la violence de notre bombardement, et sans attendre l’attaque de notre infanterie, l’ennemi a évacué le fort de Vaux. » Comme, déjà, l’élan héroïque, le bond prodigieux de la semaine précédente nous avait rendu le village et le fort de Douaumont, l’ouvrage et la ferme de Thiaumont, les carrières d’Haudromont, le communiqué officiel du 3 novembre pouvait conclure : « La ceinture des forts extérieurs de Verdun est maintenant rétablie dans son intégrité et solidement tenue par nos troupes. » Ces admirables troupes, dont l’ardeur, loin d’être brisée ou lassée par huit mois de fatigues et d’épreuves surhumaines, n’a fait que s’exalter dans le combat, ne devaient point s’arrêter ni se reposer longtemps. Successivement, nous avons appris, avec une fierté joyeuse, la reprise du village de Vaux, qui nous fait retour après le fort lui-même, et celle du village de Damloup. Non seulement nous voilà revenus au bord de ces Côtes de Meuse, d’où l’on a « des vues » sur la Woëvre, mais, au bas de Damloup, nous avons de nouveau posé le pied dans la plaine, tout près de la route et de la voie ferrée qui, par Étain, se dirigent vers Metz. Répétons-le, avec plus de certitude encore que nous ne l’avons dit la quinzaine passée, et d’après le témoignage le plus autorisé, celui du général qui, de haut, a conduit l’affaire : ainsi, huit mois d’insolence allemande et d’anxiété française sont effacés. Quatre heures ont suffi à défaire l’œuvre pénible, douloureuse et sanglante de huit longs, pleins, interminables mois, sans répit, sans repos, ni jour, ni nuit. Pour Douaumont, Thiaumont, Haudromont, et les bois, nos pertes avaient été « faibles. » Pour le fort de Vaux, elles ont été « nulles. » Du 24 octobre au 1er novembre, nous avions fait, sur le front de Verdun, plus de 6 000 prisonniers. A Damloup, nous avons continué de les