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frappent le sol comme ils feront plus tard au régiment. Et c’est Kummel qui commande. Il accourt.

— Adieu, monsieur Reymond… Bon voyage !… Et dites bien, en cette Suisse française où l’on aime assez à goguenarder (vous dites ?) quel ordre règne en Alsace, quelle discipline, quelle prospérité !… Adieu ! Bon voyage !… Nous nous reverrons certainement. On ne peut pas deviner les événemens. Oui, nous nous reverrons… Adieu !

Le père Schmoler tend son paquet.

— Elles sont mûres, elles sentent bon… Salut, bonjour, monsieur Reymond. Et revenez, revenez !

Le gendarme s’est approché, car il est toujours bon de savoir ce qui se dit. Et c’est l’image de l’Alsace, sur le quai de cette gare, ce vieux un peu courbé, ce bon visage, et ce dos raide, cette moustache troussée.

Une fois encore Friedensbach au pied de ses collines, Friedensbach avec ses toits qui fument, les sentiers connus, les chèvres éparses sur les pentes, — mais Seppi n’est plus là, — la maison des Weiss, la maison des Bohler…

Adieu, petite vallée !

Benjamin Vallotton.


(La dernière partie au prochain numéro.)