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Les succès français en Bavière ont déterminé la retraite de l’armée autrichienne que les Franco-Italiens ont suivie. Le combat livré sur la Piave par Eugène tourne à peu près bien, par bonheur. Sans quoi, jusqu’où eût été le mécontentement de Napoléon qui avait pensé très sérieusement à enlever au vice-roi le commandement de l’armée et à le donner au roi de Naples ? Il ne semble pas que Joséphine ait été informée de ces graves incidens.


Strasbourg, le 17 mai (1809).

« J’ai reçu ta lettre, mon cher Eugène ; j’y ai vu avec plaisir que tu as repris courage ; j’ai appris par une dépêche télégraphique le succès que tu as obtenu le 8 de ce mois[1]. Il paraît, d’après la lettre de la princesse Auguste à la reine de Hollande, que tu as été content de ce que l’Empereur t’a écrit[2]. Je sais combien tu as le désir de lui plaire et je t’engage à lui écrire souvent et à entrer dans les plus petits détails sur toutes les opérations de l’Armée d’Italie. Quoique l’Empereur n’ait besoin que de lui-même et que ses succès tiennent à son génie, cependant la connaissance des mouvemens de l’armée que tu commandes peut lui être utile et surtout à toi et, dans ce cas comme dans tout autre, une faute même il faudrait la lui dire. Je te demande aussi de me faire donner souvent de tes nouvelles. J’ai passé bien des jours terribles à en attendre. Je n’ai eu de temps en temps que quelques détails par ta sœur qui les recevait de M. de Lavallette. Lorsque tu ne pourras pas m’écrire, charge quelqu’un de ce soin. J’ai besoin de savoir ce que tu fais. La reine de Hollande m’a quittée ce matin pour aller aux eaux de Bade, situées à dix lieues de Strasbourg. Adieu, mon cher fils, je t’embrasse avec toute la tendresse que tu me connais pour toi.

« JOSEPHINE. »


Hortense, pour son voyage non autorise à Bade où elle avait emmené son fils, héritier de l’Empire, reçut de Napoléon une sévère réprimande.

On sait que, accueilli par la proclamation de l’Empereur aux Soldats de l’Armée d’Italie, Eugène fut reçu à Ebersdorf, le 29

  1. Combat de la Piave.
  2. S’il s’agit de la lettre du 30 avril (Corr., 16144) il faut avouer qu’Eugène n’est point difficile.