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d’autres sujets de peine que la position d’Hortense qui est vraiment malheureuse. Quant à mes dettes, j’ai pris de nouveaux moyens d’ordre et d’économie dont j’espère beaucoup. Ils commencent avec l’année. Ce sont des étrennes peu agréables, mais Auguste m’en a donné de très bonnes. Je sais que tu aurais préféré un garçon, mais il arrivera au plus tard dans dix-huit mois. En l’attendant, je reçois avec plaisir la petite-fille que tu me donnes. Tout ce qui vient de toi me sera toujours cher. Il m’aurait été bien doux de te voir dans le courant de l’année dernière. Il y a bien longtemps que je suis séparée de toi, mon cher Eugène, mais j’aime à croire que l’Empereur te permettra cette année de venir faire un petit voyage à Paris. Je viens de recevoir une lettre de lui. Il me mande, en date du 22, qu’il marchait contre les Anglais. Il parait qu’ils sont en force près de Valladolid et qu’ils ont entièrement quitté le Portugal. Cela m’inquiète un peu. Je ne serai heureuse que lorsque j’apprendrai le résultat de cette nouvelle [ ? ]. Adieu, mon bon Eugène, continue à me donner des nouvelles d’Auguste. Je t’embrasse tendrement.

JOSEPHINE. ; »


L’Empereur revient à Paris le 23 janvier 1809. Il a écrit le 9 janvier : « L’Autriche ne me fera pas la guerre. Si elle me la fait, j’ai 150 000 hommes en Allemagne et autant sur le Khin pour lui répondre. » Et voici que l’Autriche fait la guerre.


Paris, ce 2 février (1809).

« Je sais, mon cher Eugène, que je n’ai pas besoin de te recommander le jeune Tascher[1]. L’Empereur désire faire de lui un bon officier, et il a cru ne pouvoir lui choisir un meilleur guide que toi. Ce jeune homme a éprouvé beaucoup de peine de ne plus faire son service près de l’Empereur ; mais les

  1. Le Tascher que Joséphine recommande ici à son fils est Pierre-Claude-Louis-. Robert Tascher, né à Fort-Royal le 1er avril 1787, entré à l’École de Fontainebleau, sous-lieutenant au 16e léger en 1806, officier d’ordonnance de l’Empereur le 9 février 1807. « Ton cousin Tascher se porte bien ; je l’ai appelé près de moi avec le titre d’officier d’ordonnance. » Chef d’escadron en 1809, aide de camp du prince Eugène, marié à Mlle de la Leyen, nièce du prince primat, il suivit son cousin en Bavière, où il vécut jusqu’au second Empire. Il est mort en 1861, grand maître de la maison de l’Impératrice et sénateur de l’Empire. Sa branche s’est éteinte dans les mâles en la personne de son petit-fils, investi, par réversion de la branche Dalberg, du titre de duc qui a péri avec lui.