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te voir toi-même ; c’est un bon serviteur et qui t’est dévoué. Rien ne pouvait me faire plus de plaisir que de recevoir de tes nouvelles et de celles de ta femme ; j’en attends encore d’autres bientôt ; je suis impatiente d’apprendre son heureuse délivrance. Tout ce qui ressemble à quelqu’un de ta maison me semble envoyé par toi et me donne de l’émotion. Je suis d’ailleurs très tranquille. L’Empereur est très aimable pour moi. Il m’écrit souvent et l’on m’assure qu’il ne s’expose pas. Madrid a capitulé. La nouvelle est arrivée ce matin. Adieu, mon cher fils, je t’embrasse tendrement ainsi que ma chère Auguste et ma petite-fille.

« JOSEPHINE. »


Méjan, que Napoléon lui-même avait placé près d’Eugène, avait toute sa confiance et celle de l’Impératrice. On sait par les lettres de d’Antraigues comme il la méritait et quels, étaient ses rapports avec les ennemis de la France.

La princesse Auguste accoucha à Milan le 23 décembre 1808 d’une fille, Eugénie- Hortense-Auguste, qui fut mariée le 22 mai 1826 à Frédéric-Guillaume-Constantin prince de Hohenzollern-Hechingen et mourut le 1er septembre 1847, sans avoir eu d’enfant. Frédéric-Guillaume-Constantin aliéna en 1849 sa principauté aux mains de la maison de Prusse, pour obtenir l’autorisation de contracter un mariage inférieur.


Paris, le 2 janvier (1809).

« J’ai écrit hier à Auguste, mon cher Eugène. Aujourd’hui, je profite de l’occasion de Méjan. J’ai beaucoup causé avec lui de ma position. Elle est bien changée depuis le premier voyage que Murat a fait en Espagne, où le voile qui couvrait les yeux de l’Empereur est tombé. Cette famille déteste bien la mienne, malgré que je ne lui aie fait que du bien. Il a ici quelques amis chauds et tous les événemens qui ont eu lieu il y a plus d’un an m’ont fait connaître bien des choses et bien des gens. Je garde surtout cela le plus grand silence et, dans ma position, on est souvent obligé de vivre avec ses ennemis, mais il est toujours bon de les connaître. Je ne me mêle de rien, je ne demande rien et je n’ai d’autre désir que de te voir de temps en temps. J’ai lieu de m’applaudir de ma conduite ; l’Empereur est parfait pour moi. Je n’ai qu’à me louer de sa confiance et de son attachement. Il me donne très souvent de ses nouvelles. Je n’ai plus