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pas de la perte que nous avons faite. Je suis toujours bien triste, mon cher Eugène ; je vis absolument éloignée de tous les miens. Heureusement que l’Empereur m’écrit souvent. Ses lettres me rendent plus calme et plus tranquille. Adieu, mon cher fils, tu sais avec quelle tendresse je t’aime.

« JOSEPHINE. »


Entre le 11 juin et le 11 juillet, il y a le combat d’ileilsberg (11), la bataille de Friedland (14), l’entrée à Tilsitt (19), l’entrevue sur le Niémen (25), la signature du traité de paix (8 juillet). L’Empereur arrivera à Saint-Cloud le 27.

M. de Girardin, qui porte la lettre du 11 juillet, part de Paris pour retrouver à Naples le roi Joseph, auquel il s’est attaché, d’abord par des rapports de voisinage, puis par une conformité d’opinions et une sympathie mutuelle.


Saint-Cloud, ce 11 juillet (1801).

« Tu dois avoir reçu, mon cher Eugène, les excellentes nouvelles des armées et de l’entrevue de l’Empereur avec celui de Russie et le roi de Prusse. Ces heureux événemens me donnent d’autant plus de joie qu’ils me permettent d’espérer le prochain retour de l’Empereur et le plaisir de t’embrasser peu de temps après. Je suis enchantée de la figure de ma petite-fille ; son portrait me charme et me donne encore plus le désir de la voir. Je profite du départ de M. de Girardin pour t’écrire et pour remercier ma chère Auguste de son joli présent. Je n’ai pas besoin de le demander pour M. de Girardin ta bienveillance et ton amitié. Adieu, mon cher fils, je t’aime et t’embrasse tendrement.

« JOSEPHINE.


« J’ai reçu une lettre de ta sœur, elle est beaucoup mieux, mais toujours bien affligée. »


Dès le retour de l’Empereur, la lutte a commencé contre Joséphine. Ce sont Fouché et Murat qui mènent l’attaque. Murat est redoutable par Caroline. Joséphine aurait quelque raison de croire à sa reconnaissance ; mais c’est Caroline qui conduit Murat et tous les moyens lui sont bons. Joséphine espère encore qu’elle accompagnera l’Empereur dans le voyage d’Italie où il va, par le règlement de comptes préliminaires, préparer le divorce ; mais elle ne s’en doute pas ; elle écrit :