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Mayence, ce 10 janvier (1807).

« J’ai reçu ta lettre du 4, mon cher Eugène, au moment où j’en recevais une de l’Empereur en date du 29[1]. Il venait d’avoir encore contre les Russes de nouveaux succès et leur avait pris 80 pièces de canon, tous leurs bagages et dix mille prisonniers. Il me mande qu’il compte retourner à Varsovie dans deux jours et qu’il m’écrira de cette ville. Il a pris ses quartiers d’hiver. Je n’ai pas reçu la lettre que tu avais remise pour moi à la députation italienne, mais je t’engage à écrire le plus promptement possible à l’Empereur pour lui demander de nommer ton enfant et pour désigner des personnes qui le tiendront avec lui. Je suis enchantée du camée que tu m’as envoyé. C’est le plus joli présent que ta femme pût me faire et je serai heureuse quand je pourrai avoir de même la ressemblance du nouveau-né ou à naître. Adieu, mon cher Eugène, je t’embrasse ainsi qu’Auguste bien tendrement.

« JOSEPHINE. »


A diverses reprises, l’Empereur a donné ordre que Joséphine retournât à Paris, qu’avec toute sa cour elle allât au spectacle, reçût et donnât des fêtes ; comme il n’a plus l’intention de l’appeler en Pologne, mieux vaut qu’elle parte. L’Impératrice, quittant Mayence le 26 janvier à huit heures du matin, arrive le 31 au soir à Paris, où elle est saluée par le canon et accueillie avec des honneurs qu’elle n’a jamais reçus et qu’elle ne recevra plus. Il s’agit de rassurer Paris et de lui rendre la vie.

L’Empereur quitte Varsovie le 29 et rouvre la campagne : le dimanche 8, il livrera cette bataille d’Eylau que seule son obstination lui fait attribuer, mais où il ne gagne guère que le terrain couvert de cadavres français, presque autant que de cadavres russes. Le combat dont parle d’abord Joséphine est-il celui de Bergfriede, livré, le 3, par Soult à Benningsen ou celui d’Allenstein que l’Empereur livre lui même, le 4 ?


Paris, ce 21 février (1807).

« Je profite, mon cher Eugène, du départ de M. de la Greca pour te donner de mes nouvelles. J’ai souffert beaucoup hier

  1. De Golymin.