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ANNEXE
L’inspecteur des Postes au prince Eugène.


Munich, le 30 décembre 1805.

MONSEIGNEUR,

« Sa Majesté l’Impératrice me charge d’écrire une seconde fois à Votre Altesse pour lui accuser réception de sa dépêche et pour lui confirmer le contenu de ma première par laquelle Sa Majesté m’avait ordonné de lui annoncer son mariage avec la princesse Auguste de Bavière.

« Sa Majesté me charge de dire à Votre Altesse qu’elle se porte bien et qu’elle est très impatiente d’avoir l’honneur de la voir.

« Je me trouve très heureux et très honoré de pouvoir, une seconde fois, prier Votre Altesse d’agréer l’hommage du dévouement sans bornes et du profond respect avec lequel je suis, de Votre Altesse Sérénissime, le très humble et très obéissant serviteur.

« BOULENGER. »


Cependant, le 10 nivôse (31 décembre), l’Empereur est arrivé à Munich ; il entend qu’on obéisse et rapidement. Le roi de Bavière a ceint une couronne trop nouvellement fondue pour qu’il ne tremble pas de la perdre. La princesse, après un long entretien avec l’Empereur, croit avoir gagné au moins un trône et elle cède. Napoléon écrit à Eugène : « Mon cousin…, j’ai arrangé votre mariage avec la princesse Auguste… Elle est très jolie : vous trouverez ci-joint son portrait sur une tasse, mais elle est beaucoup mieux… »

De son côté, Napoléon croit avoir tout emporté : il se trompe, et, à présent, sur les termes du contrat, la résistance continue ; il s’en tire avec des promesses qu’il n’écrit ni ne signe et qu’il ne tiendra pas. Le 10 janvier 1806, Eugène, qui a fait diligence, arrive ; il a trois jours pour faire connaissance avec sa fiancée : le 13, mariage civil ; le 14, mariage religieux. Ainsi s’accomplit le dessein que Napoléon a formé depuis le 12 juillet 1804 (23 messidor an XII, lettre à Otto). On entre ensuite dans les réjouissances de cour, où M. Rémusat, premier chambellan, faisant fonction de grand maître des