Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 36.djvu/296

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sa netteté et sa hauteur de vues habituelles, le sens profond de la bataille qui fait tant d’honneur aux deux armées de l’Est, communique aux autres armées ce magnifique ordre du jour :


Les 1re et 2e armées donnent en ce moment un exemple de ténacité et de courage que le général commandant en chef est heureux de porter à la connaissance des troupes sous ses ordres.

Indépendamment des corps de couverture dont quelques-uns ont combattu, depuis l’ouverture des hostilités, ces deux armées ont pris le 14 août une offensive générale, obtenu de brillans succès jusqu’au moment où elles se sont heurtées à une barrière fortifiée et défendue par des forces très supérieures.

Après une retraite parfaitement ordonnée, les deux années ont repris l’offensive en combinant leurs efforts et regagné une grande partie du terrain perdu. L’ennemi plie devant elles et son recul permet de constater les pertes considérables qu’il a subies.

Ces armées combattent depuis 14 jours sans un instant de répit avec une inébranlable confiance dans la victoire qui appartient toujours au plus tenace.

Le général en chef sait que les autres armées auront à cœur de suivre l’exemple fourni par les 1re et 2e armées.

Le général commandant en chef :

Signé : J. JOFFRE.


L’histoire ne peut qu’enregistrer ce sobre et juste « commentaire. »


Suivons, maintenant, la manœuvre morale, dans les communiqués allemands. D’abord quelques détails sans importance : Prise de Longwy, succès en Alsace, jusqu’au 27. Mais le 27, coup de fanfare :


Les armées allemandes victorieuses en France. L’armée allemande de l’Ouest a pénétré victorieusement, neuf jours après sa concentration, sur le territoire français, de Cambrai jusqu’aux Vosges méridionales. L’ennemi a été battu sur toute la ligne et se trouve en pleine retraite. Vu l’étendue énorme du champ de bataille, dans une région boisée et en partie montagneuse, il n’est pas possible de donner des chiffres exacts sur ses pertes en tués, blessés, prisonniers et étendards pris. (Que l’on remarque l’imprécision voulue.)