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Belgique, retraite dans le Nord, sur la Meuse, en Alsace. Un exposé de la « situation générale » est un arrangement des événemens couvert de quelques fleurs de rhétorique :


Notre armée, calme et résolue, continuera aujourd’hui son magnifique effort ; elle sait le prix de cet effort : elle combat pour la civilisation ; la France tout entière la suit des yeux, elle aussi calme et forte, etc.


Visiblement, le rédacteur du communiqué a des larmes aux yeux. Ses vues sont brouillées. Il ne voit pas très clair. Il mentionne en ces termes les affaires de l’Est :


En Haute-Alsace. Le général en chef ayant à faire appel, pour faire face sur la Meuse, à toutes les troupes, avait donné l’ordre d’évacuer progressivement le pays occupé. Mulhouse a été de nouveau évacué. La grande bataille est engagée entre Maubeuge et le Donon (première esquisse de la fameuse formule de la Somme aux Vosges). C’est d’elle que dépend le sort de la France et de l’Alsace avec elle (toujours ces généralisations un peu hâtives). C’est au Nord que se joue la partie, c’est là que le général en chef appelle pour l’attaque décisive toutes les forces de la nation (inutile et d’ailleurs exagéré). L’action militaire entreprise dans la vallée du Rhin distrairait des troupes dont dépend peut-être la victoire. Il leur faut donc quitter momentanément l’Alsace, pour lui assurer la délivrance définitive, quel que soit leur chagrin de n’avoir pu la soustraire déjà à la barbarie allemande : c’est une cruelle nécessité que l’armée d’Alsace et son chef ont dû subir et à laquelle ils ne se sont soumis qu’à la dernière extrémité.


Absorbé par ces rédactions douloureuses, surpris par les affirmations violentes des radiogrammes allemands, l’écrivain du communiqué ne consacre que quelques lignes aux vigoureuses opérations de la 1re et de la 2e armée :


En Lorraine. — Les deux armées ont pris une offensive combinée, l’une partant du Grand-Couronné de Nancy, l’antre au Sud de Lunéville. La bataille engagée continue au moment où nous commençons le bulletin. On n’entend plus le canon comme on l’entendait hier aux environs de Nancy. Le 15e corps, qui, depuis la dernière affaire, avait été replié en arrière et s’était reconstitué, faisait partie d’une des deux armées combinées. Il a exécuté une contre-attaque très brillante dans la vallée de Vezouse. L’attitude des troupes a été très belle et montre qu’il ne reste aucun souvenir de la surprise du 20 août. (Désir évident d’arranger l’incident de presse fâcheux relatif au 15e corps.)


Et c’est tout !

Le 26 août, 23 heures, le communiqué reprend :


D’une façon générale, notre offensive progresse entre Nancy et Vosges. Toutefois notre droite a dû légèrement se replier dans la région de