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le Bois-Brûlé et Charmois, avec, comme direction ultérieure, le bois d’Einville et les hauteurs au Sud.

Ces mouvemens étonnent l’ennemi. Sans doute, il pensait que le 15e et le 16e corps, encore sous le coup de l’affaire de Morhange, n’étaient plus bons qu’à se tenir à l’abri sur les hauteurs du Grand-Couronné. Et les voici, maintenant, dans la plaine. Vers 2 heures de l’après-midi, on pouvait apercevoir des fractions d’infanterie allemande qui, sous les rafales de l’artillerie de Borville et la menace du 16e corps sur sa ligne de retraite, commençaient à s’ébranler et se repliaient de Rozelieures sur le bois de Rechimont, entre Remenoville et le bois de Filière. La cavalerie française prenait aussitôt le moule de ce mouvement. La 6e division, renforcée par le 2e bataillon de chasseurs, par le 2e groupe cycliste et par la 2e brigade de dragons, occupait la lisière Nord du bois de Lalau au haut des pentes qui descendent vers le ruisseau de l’Euron ; la 12e brigade de dragons s’emparait de Saint-Boingt ; enfin l’infanterie du 16e corps d’armée progressait de Borville sur Rozelieures.

C’était la main tendue pour ramener le 8e corps. Celui-ci, en effet, s’était déjà replié en partie sur la ligne Rehaincourt-Saint-Genest, entre la forêt de Charmes et Rambervillers., Devant le succès obtenu, le 8e corps se met en mouvement pour reprendre, vers Essey-la-Côte, le terrain perdu.

C’est l’heure décisive. L’armée allemande hésite ; il faut tomber sur elle. Le général de Castelnau télégraphie l’ordre : « EN AVANT, PARTOUT, A FOND ! » (de Pont-Saint-Vincent, 25 août, 15 heures soir). Ordre admirable, lancé à l’heure précise, et qui révèle le coup d’œil et la décision du maître !

L’armée tout entière s’ébranle ; l’ennemi résiste avec une vigueur qui emprunte des forces à sa surprise même. Il ne veut pas céder ; il ne veut pas admettre cette offensive insolente. Persuadé de sa victoire, il ne consent pas à une autre issue. Il se fait tuer sur place, mais ne veut pas lâcher la proie. Pourtant, il est battu. En fin de journée, le 16e corps d’armée est maitre de Rozelieures et de la crête de la forme de la Naguée, entre Moriviller et le bois de Jontois ; le soir, il s’établit sur le front de bois de Broth, bois de Censel-Remenoville ; le 15e corps, après un magnifique engagement, atteint la Meurthe et la Mortagne à Lamath et Blainville, serrant de près Lunéville ; mais sa propre fatigue et la résistance désespérée de l’ennemi