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s’est replié à la nuit sur le col de la Chipotte : mais on constate que les mitrailleuses du 3ebataillon ont causé de grands ravages dans les rangs allemands, à Raon-sur-Plaine.

Un bataillon du 21e est resté isolé à la Petite-Chatelle et regagne péniblement son régiment par le col de Trace. Le pays est très boisé et d’une difficulté extrême pour le commandement :


Pendant toute la journée, dit le colonel Hamon, j’ai vainement couru à travers bois dans le Repy (entre Raon-l’Étape et le col de la Chipotte) pour tâcher de rejoindre mes bataillons. On ne peut se figurer combien la circulation y est difficile : c’est un fouillis inextricable. Par des pentes très dures, ce sont de vraies ascensions alpines. Après deux heures et demie de circulation sous bois, nous arrivons à la Bellotte et de là remontons au col de la Chipotte.


Vers midi, sous la pression très violente des forces supérieures de l’aile gauche de l’armée bavaroise et de l’armée von Heeringen, tout le centre du général Dubail, composé du 13e et du 21e corps, s’est replié en abandonnant le grand bois de Glonville et la position de Ménarmont sur la ligne Hardancourl-bois d’Anglemont-Saint-Benoit, qui protège directement Rambervillers.


Le 25 août, à huit heures du matin, à Ménil-sur-Belvitte, nous avons reçu les premiers obus allemands. Ils tombèrent très serrés jusqu’au soir vers cinq heures, faisant parmi nos troupes de nombreux morts et blessés. Sept familles du village avaient disposé en ambulances leurs maisons. On y accueillait aussi vite que possible nos héros. A cinq heures, l’église prit feu. A six heures et demie, nos troupes s’étant retirées sur Rambervillers, la riposte française se tut et des milliers d’Allemands se précipitèrent dans le village[1].


L’ennemi qui avait attaqué sur ce point la gauche du 21e corps (43e division) était le Ier corps bavarois (général von Xylander), ainsi qu’en témoigne le compte rendu officiel allemand. Après la bataille de Sarrebourg, le Ier corps bavarois a pris la direction générale de Rambervillers. Il a combattu, le 21, sur Gondrexange-Lorquin, le 22 à Blamont, le 23 à Montigny, le 24 à Brouville ; le 25, il débouche du grand bois de Glonville et attaque sur Bazien et Ménil-sur-Belvitte.

Tandis que se poursuivaient ces attaques de l’ennemi, la 44e division française, gardée en réserve par le général Dubail, s’est portée en avant de Bru-Saint-Benoit pour recueillir les

  1. Écho de Paris du 2 juin 1915. Récit du curé de Ménil-sur-Belvitte rapport par M. Maurice Barrès.