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Procédons de l’Est à l’Ouest.

Journée du 24 août. — L’ennemi n’a pas attendu l’aube du 24 pour se lancer en avant. A minuit, Celles est attaqué par surprise :


Je m’étais jeté sur mon lit, écrit le colonel Hamon, commandant la 26e brigade (21e corps), quand le cri « Aux armes ! » est poussé. Je m’équipe en toute hâte pour donner l’alarme dans tout le cantonnement et organiser la défense. Je pousse toutes les compagnies que je rencontre sur les issues Nord et Nord-Est de Celles. Un peu plus, nous étions pris au saut du lit. Une autre fois, je ne cantonnerai plus si en avant des lignes. Les 5e et 6e compagnies du 21e régiment occupent les barricades établies à l’entrée de Celles et brisent par leur feu l’élan de l’ennemi qui se replie, laissant sur la route de nombreux morts. Le 17e est sur pied. Toutes les issues sont barrées. Je mets l’ordre dans tout cela. L’ennemi ne renouvelle pas son attaque. A 4 h. 30, les 1er et 2e bataillons attaquent à leur tour ; les deux compagnies du 3e bataillon, arrivées du Grand-Brocard à la Plaine, sont prêtes à appuyer le mouvement. Le 17e tient Celles et les tranchées.


Au même moment, l’ennemi attaque Baccarat par le Nord et le Nord-Ouest. La pression de l’armée von Heeringen devient très forte sur le 21e corps. Devant ces forces supérieures et sous le bombardement intense, le 17e et le 21e régimens, notamment, sont peu à peu refoulés dans Celles, puis à l’Ouest du village ; nos batteries couvrent ce mouvement de repli et font, de leur côté, beaucoup de mal à l’ennemi.


A 5 h. 30 du matin, je suis avisé, écrit le colonel Hamon, que le 20e bataillon de chasseurs, qui est à Pierre-Percée, doit venir soutenir la 20e brigade ; de plus, le 00e bataillon de chasseurs venant de Raon-l’Etape, doit arriver avant 6 heures à la scierie Lapus. A 6 h. 15, le 20e chasseurs déborde le village par l’Est ; les deux autres compagnies du 60e en réserve tiennent la lisière du bois face à Celles et au Sud de la cote 315.


La contre-attaque progresse vers l’Est. Mais l’artillerie allemande intervient, écrase notre infanterie de ses obus.

Voici un récit allemand du combat :


Le 24 août, un dur combat à Celles. La lutte commence à 6 heures du matin. Nous devons traverser des espaces découverts et on nous tire dessus de trois côtés. Nous avançons par bonds. Les bombes et les shrapnells éclaircissent nos rangs. Un camarade près de moi a la tête enlevée ; je suis renversé par la pression de l’air et n’en reviens pas d’avoir encore tous mes membres. Nous nous glissons dans une tranchée préparée par les Français. Impossible d’aller plus loin ; le feu de l’ennemi