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accroché aux croupes élevées et boisées des Vosges qui dominent la vallée de la Plaine, se dirigeait vers la Meurthe. Sa 13e division est chargée du barrage dans la vallée de la Plaine sur le front Pierre-Percée-Celles (la 26e brigade sur Celles-Allarmont-Grand-Brocart). Mais l’ennemi n’a pas attaqué, bien qu’il soit au contact. C’est donc en toute liberté et par ordre que le repli se fait sur Neuf-Maisons et Pexonne ; en fin de journée, l’ennemi essaie mollement de déborder la 25e brigade vers la Plaine.

A la nuit, le 21e corps bivouaque face au Nord, sur la ligne Celles-Pierre-Percée-Pexonne-Merviller-Baccarat-Bois de Glonville, c’est-à-dire sur les pentes septentrionales de la forêt du Reclos qui surplombe la Meurthe et couvre Raon-l’Étape. Au Sud-Est, le 14e corps, ayant quitté la vallée de la Bruche, s’est replié vers l’Ouest et a occupé la région du Ban-de-Sapt.

Comme l’ennemi est partout au contact, la plus grande vigilance est prescrite, tant à la 1re qu’à la 2e armée. Des mesures de sûreté sont prises en vue d’une forte attaque de nuit possible. Toute la nuit, en effet, on est en alerte à Celles et aux environs. L’état-major de la 1re armée a quitté Rambervillers dès le 23 au soir ; il s’est installé à Epinal, à l’Institution Notre-Dame, rue Thiers, et c’est de là que le général Dubail dirige la manœuvre prescrite à son armée.


IV. — BATAILLE DE LA TROUÉE DE CHARMES

Nous sommes arrivés à ces journées du 24 et du 25, qui, conformément aux prévisions et aux dispositions prises par le Grand Quartier Général, doivent voir se réaliser la manœuvre préparée depuis trois jours.

L’ordre, d’une simplicité et d’une précision parfaites, est le suivant : la 1re armée doit faire front et lutter sur place ; la 2e armée, placée perpendiculairement, doit tomber sur le flanc de l’ennemi, s’il s’engage dans la région des rivières au Sud-Ouest de Lunéville.

Essayons de rendre claire la disposition générale des troupes appartenant aux deux armées, de façon à faire sentir, d’une part, le glissement des armées allemandes vers leur objectif qui est la trouée de Charmes et, d’autre part, la résistance des armées françaises, résolues non seulement à leur barrer la route, mais à contre-attaquer et à les mettre en échec.