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Léon Durand, le premier disant : « Je vous en supplie, tenez, tenez ! » et le second répondant : « Nous tiendrons[1]. »

La veille, le général Léon Durand a réconforté les Nancéens par cette fière proclamation[2] :


HABITANS DE NANCY

Nancy, 22 août 1914. Commandant les troupes opérant dans votre région, je fais appel à votre bonne volonté, à votre calme, à votre patriotisme dans les circonstances que nous traversons. Ne prêtez pas l’oreille aux bruits alarmans qui circulent.

Nos troupes et moi, nous sommes là ; comptez sur nous !

Signé : Général LEON DURAND.


L’ennemi ne manifeste, dans la soirée, aucune velléité d’attaquer : on le voit installer une nombreuse artillerie sur les hauteurs de Flainval-Anthelupt, d’où il peut, soit canonner le Rembétant, soit prendre à revers nos troupes vers Lamath-Xermaménil, ou, si elles tentent de s’y glisser, dans la forêt de Vitrimont.

1re armée. — La 1re armée (armée Dubail) a reçu pour instruction de combiner, dès le 23 août, son action avec celle de la 2e armée. Il est temps. L’ennemi a envahi, par tous les points de pénétration, la vallée de la Vezouse et s’est mis en marche sur la vallée de la Meurthe. Venant d’Avricourt, de Blamont, de Girey, du Donon, des cols des Vosges jusqu’au col de Sainte-Marie (celui-ci perdu la veille par la 71e division de réserve), l’armée von Heeringen et la gauche de l’armée du kronprinz de Bavière forment un vaste demi-cercle incliné dont le sommet est aux pentes du Donon et dont la corde, qui est l’objectif, se trouve être la Meurthe avec Baccarat comme milieu. Von Heeringen descend ce plan incliné, pour aider la poussée du centre et de l’aile droite, à savoir l’armée bavaroise, se dirigeant vers Rozelieures et la trouée de Charmes.

Les mouvemens qui ont été prescrits, pour le 23, à la 1re armée française, avec un but précis d’offensive ultérieure, doivent l’amener face au Nord et au Nord-Ouest, dans une position perpendiculaire au front qu’occupera le soir même la

  1. Est Républicain du 12 septembre 1915.
  2. La Vie en Lorraine, août 1914, p. 212.