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anticipation la désignation qui vient d’être préconisée). Cela ne veut pas dire que celui-ci soit abandonné partout ou doive l’être. Les submersibles lui sont à certains égards inférieurs (toute médaille a son revers) : 1° Ayant un grand tirant d’eau, ils sont plus vulnérables au canon et à la torpille, et surtout ils ne peuvent s’immerger aux petites profondeurs marines, telles que celles qui règnent aux environs précisément d’une grande partie des côtes allemandes. M. l’amiral Degouy a très justement signalé ce danger, et c’est là peut-être la cause qui fait que le voyage du fameux Bremen ne s’est pas achevé au port. 2° Lorsque le submersible immergé s’incline, cela est beaucoup plus dangereux pour lui à cause de sa longueur : ainsi un bâtiment de 100 mètres de long s’inclinant accidentellement de 10 degrés, ce qui est fréquent en plongée, aura une de ses extrémités 17 mètres plus bas que l’autre. D’où danger plus grand d’accident et nécessité de profondeurs plus grandes. 3° Le prix de revient et la durée de construction des submersibles sont supérieurs. On conçoit dans ces conditions que certaines marines comme celles de l’Angleterre, des États-Unis, du Japon, emploient concurremment les deux types, le submersible comme engin d’attaque à grand rayon d’action, le sous-marin comme engin de défende des côtes et des ports, à rayon d’action réduit, mais à maniabilité plus grande. Quant aux bâtimens employés si efficacement par les Allemands dans leur guerre sous-marine, ils appartiennent sans exception au type submersible ; ce sont de lourdes pousses germaniques greffées une fois de plus sur une tige française. Le coq a couvé des vautours.


Les organes qui servent aux « immersibles » pour se propulser, pour se déplacer ou s’équilibrer en profondeur, pour se diriger, réunissent les plus subtils perfectionnemens de la technique et de la science.

Le propulseur d’abord : en plongée, il est nécessaire que le moteur des immersibles ne consomme pas la précieuse provision d’air respirable, ne produise pas de trépidations et de chocs repérables, ne donne pas de grandes quantités de produits qu’il est nécessaire d’évacuer. Seul, l’accumulateur électrique remplit à peu près ces conditions. C’est pourquoi, en plongée, les hélices des immersibles ont été jusqu’ici mues par des accumulateurs. Mais ceux-ci ont plusieurs inconvéniens, et surtout ils sont très lourds ; ils pèsent environ 80 kilogrammes par cheval de puissance, c’est-à-dire environ 8 fois