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chalutiers à vapeur qu’on leur promit de ne point réquisitionner.

Grâce à ces mesures, la pêche du poisson frais eut un rendement avantageux. On peut s’en rendre compte par la statistique des arrivages aux halles de Paris. Ces arrivages variaient, en temps normal, de 2 527 000 kilos, chiffre le plus faible en août 1913, à 3 334 000 kilos, chiffre maximum, on novembre de la même année. Or, pendant la guerre, le chiffre le plus bas qui ait été constaté, si j’excepte les deux premiers mois de la mobilisation, est de 1 621 000 kilos en février 1915. Mais il est entré plus de 3 000 000 de kilos en mars et en novembre 1915 par exemple. Voici d’ailleurs des totaux propres à nous renseigner exactement sur le rendement de la pêche : de 18 millions de kilos pendant le deuxième semestre de 1913, les arrivages aux Halles sont tombés à 11 millions de kilos au cours de la même période de 1914, pour se relever ensuite en 1915 à 15 millions de kilogrammes. Dans les quatre premiers mois de 1916, les arrivages varient de 1 621 000 kilos à 2 260 000 kilos. Il faut attribuer ce fléchissement, par rapport à 1915, à la cherté des cours, ce qui restreint forcément la consommation. En effet, en février 1916, les 1 621 000 kilos vendus aux Halles ont produit 2 142 000 francs, tandis que, dans le mois correspondant de 1915, 2 522 000 kilos n’avaient donné que 2 147 000 francs. La situation tend à redevenir normale : les arrivages de septembre 1916 atteignent 1 967 316 kilogrammes.

Ce relèvement des mercuriales est très caractéristique, surtout pour les poissons vulgaires ; les poissons de luxe au contraire n’ayant pas augmenté dans d’aussi notables proportions que les autres. La raie, qui se vendait avant la guerre 0 fr. 50 environ, vaut en gros l fr. 48 en octobre 1916, le colin passe de 1 franc à 2 fr. 79, tandis que le turbot, que l’on cotait de 2 francs à 2 fr. 50, ne se vend guère à l’heure actuelle plus de 3 fr. 79 (prix de gros, naturellement). La tenue des cours est le meilleur encouragement qui soit à la pêche côtière. Sur les lieux mêmes de pêche, le poisson de qualité courante, merluches, raies, grondins, dorades, limandes, a presque triplé de prix. En outre, certaines catégories inférieures que l’on ne ramassait même pas autrefois et qui figurent pour près d’un tiers dans la pêche : chiens de mer, petits grondins gris, trouvent aujourd’hui de grandes facilités de vente.

Le rendement des bateaux est également meilleur, du fait