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uns et les autres pratiquent entre temps une pêche côtière fructueuse le long de nos rivages ou à l’entrée de nos fleuves ; le thon, le maquereau, le saumon, la merluche, la sole, la raie abondent sur certains points et à de certaines époques de l’année. Enfin, quand nos marins veulent s’expatrier, ils trouvent dans les territoires de nos colonies une source fertile de richesse : la morue sur le grand banc de Terre-Neuve, dans le golfe du Saint-Laurent et dans le voisinage de l’Islande, et tous les genres de poissons le long des rivages de la Mauritanie.

Malgré ces conditions favorables, la pêche n’avait pas atteint chez nous avant la guerre le degré de développement auquel elle est en droit de prétendre. Il n’y a guère d’industrie qui subisse plus que celle-ci l’influence du progrès et ne dépende plus de l’étude scientifique des instrumens de production. Or, jusqu’à ces derniers temps, on l’avait trop abandonnée à l’esprit routinier des pêcheurs. Cela dit, il n’est que juste de remarquer que la création d’un sous-secrétariat d’Etat l’avait galvanisée : quand la guerre éclata, elle la trouva en plein essor.

La dernière statistique parue, qui concerne l’année 1912, nous enseigne que, si l’on met à part les deux années 1906 et 1908, où le rendement fut relativement inférieur à la normale, l’industrie des pêches maritimes a continuellement progressé pendant les dix dernières années ; passant de 131 468 259 francs en 1902 à 176 798 167 francs en 1912 : soit une augmentation de 45 329 908 francs pour cette période décennale. En outre, il est intéressant de noter les améliorations apportées dans l’outillage. Le tonnage de la flotte française de pêche se monte en 1912 à 271 460 tonneaux dont 339 vapeurs d’un tonnage de 52 489 tonneaux, 607 navires à propulsion mécanique de 2 066 tonneaux et 28 505 voiliers, jaugeant 216 905 tonneaux. En 1902, les vapeurs ne figuraient que pour 9 448 tonneaux et les voiliers pour 169 980 tonneaux. Il y a donc eu augmentation du tonnage total et surtout du tonnage des bateaux à moteur qui représentent, en 1912, 19,3 pour 100, du tonnage global contre 5,2 pour 100 seulement en 1902.

En 1913, le nombre des bâtimens à vapeur avait encore augmenté, puisqu’il était de 356, tandis que celui des bâtimens à voile tombait à 27 507. Au moment de l’ouverture des hostilités, les pêcheurs formaient une population de 160 000 âmes environ, dont 99 000 embarqués et 61 000 pêcheurs à pied.