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L'INDUSTRIE DE LA PÊCHE
PENDANT LA GUERRE

Parmi les industries qui ont souffert du fait de la guerre, celle de la pêche semblait devoir être la plus atteinte. Elle exige des hommes vigoureux, réclamés aussi pour la défense nationale, elle emploie un matériel sur lequel s’est exercée la réquisition. Elle a besoin, enfin, de liberté pour se développer, tandis que les consignes les plus sévères régissent maintenant l’exploitation du domaine maritime. Cependant, malgré ces circonstances et grâce à l’énergie des gens de mer, la pêche a pu vivre en dépit de la tourmente : les anciens ont remplacé les jeunes sur les bâtimens, et les bureaux du boulevard Montparnasse ont favorisé de tout leur pouvoir les bonnes volontés qui s’offraient.

La France, à cheval, sur deux mers, possède des rivages tout à fait appropriés à la capture des espèces les plus variées. Le hareng, d’abord, qui apparaît sur les bancs de Flandre vers le 15 octobre, pour suivre son invariable route le long de notre littoral de la Manche jusque vers l’embouchure de la Seine, et se perdre ensuite, définitivement, de décembre à février, dans la mer du Nord. Puis la sardine, qui abonde particulièrement du printemps à l’automne sur toutes les côtes occidentales et méridionales de l’Europe. Ce sont les marins de Douarnenez, de Quimper, de Lorient, d’Auray, de Belle-Ile, du Croisic, des Sables, de la Rochelle, d’Arcachon, de Saint-Jean-de-Luz et de certains quartiers de la Méditerranée qui « travaillent » la sardine sur la plus large échelle : tandis que ceux de Fécamp, de Dieppe, de Boulogne guettent le hareng à son passage. Les