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celles de Londres et de Vienne notamment, et leur demander de l’aider à se marier en prenant l’initiative de la reconnaissance qui lui avait été refusée jusque-là.

En Angleterre, où il avait été reçu à Balmoral, non comme prince de Bulgarie, mais comme cousin de la reine Victoria, il est, au mois de juin, le lion de la saison. Le lord-maire de Londres donne en son honneur un lunch auquel sont invités lord Salisbury, premier ministre, elles ambassadeurs. Ceux de France, de Russie et de Turquie n’acceptent pas l’invitation. Lord Salisbury reste à la campagne et ne se déplace que le lendemain pour venir recevoir le visiteur. Celui-ci confie au ministre anglais qu’il ne veut plus tarder à donner une reine à la Bulgarie. Mais il quitte Londres sans avoir trouvé ce qu’il cherche.

A Vienne, il n’est pas plus heureux. L’audience que lui accorde l’Empereur est courte, banale, ne différant en rien de celles que François-Joseph réserve aux étrangers de distinction. C’est tout à fait par hasard que le comte Kalnocky se trouve au Ballplatz lorsque Ferdinand s’y présente.

— Nous avons failli ne pas nous rencontrer, racontera-t-il le soir.

L’entretien ne sort pas du domaine des lieux communs, et s’il est fait allusion à la question mariage, elle n’est pas résolue quand les deux interlocuteurs se séparent, bien que le nom de la jeune princesse Marie-Louise de Bourbon-Parme ait été prononcé, et qu’ils aient été d’accord pour reconnaître que le mariage du prince aurait pour résultat de consolider son gouvernement, en lui créant des protections nouvelles en Europe parmi les familles régnantes.

C’était aussi l’opinion de Stamboulof. Docile à ses conseils, Ferdinand, au début de l’année suivante, se rendait en Bavière avec l’espoir d’être admis à faire un choix dans la famille des Wittelbach où deux jeunes princesses attendaient un mari : Sophie, fille du duc Théodore, et Clara, sœur des princes Ferdinand et Alphonse. Mais les princesses sont aujourd’hui plus indépendantes qu’autrefois et ne se laissent plus sacrifier à la raison d’Etat. Le prince de Bulgarie ne fut pas agréé, on lui fit entendre qu’il n’était qu’un roitelet, dont le trône était encore trop fragile pour inspirer confiance. Il n’insista pas et reprit le chemin de sa capitale.