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vivons comptent parmi les plus importantes de l’histoire. Toute faiblesse, toute erreur commise actuellement, peuvent avoir leur répercussion pendant des siècles et peser cruellement sur la vie des peuples. Les générations actuelles doivent accomplir leur besogne de réparation et régénération. »

J’ai à peine besoin de dire, avant d’aborder cette étude sur les problèmes de la paix, que les idées qui y sont exposées me sont exclusivement personnelles. Je ne prends mes inspirations nulle part et je n’engage personne. Mais l’heure me parait venue de soumettre à l’attention et à la réflexion du public l’ensemble d’un débat sur lequel il devra bientôt se prononcer. Pour qu’il juge, encore faut-il qu’il soit saisi. Personne n’en est à penser, j’imagine, que les décisions d’une importance sans précédent qui sont à prendre, pourront être décrétées par les gouvernemens à l’insu des peuples. Les peuples veulent savoir et doivent être renseignés. Quel inconvénient à chercher dans une libre discussion, toute de loyauté et de franchise, les solutions dont dépendent la tranquillité et le bonheur du genre humain ?

Les déductions qui vont suivre paraîtront peut-être rigoureuses, je les crois logiques et fatales, si nous voulons éviter le retour, à bref délai, d’une guerre plus terrible que celle-ci. Je voudrais qu’à chaque page de la présente étude, fut écrite, en marge, la magnifique apostrophe du président du Conseil, M. Briand : « Vous ne connaissez donc pas l’Allemagne ! »

Je suis obligé d’ajouter enfin qu’au cours de ces pages, nécessairement comptées, les sujets n’ont pu être abordés que dans leurs lignes générales et, pour ainsi dire, effleurés. Je me suis attaché à l’étude des questions diplomatiques proprement dites, réservant, pour les études ultérieures, l’examen des autres problèmes internationaux, notamment des conditions économiques et des conditions du travail dans l’Ere Nouvelle.


La paix future ne sera certainement pas « la paix allemande. » La paix allemande ne voulant être, selon que le révèlent toutes les polémiques, sur les « buts de la guerre, » qu’une paix égoïste, la paix des Alliés sera, par opposition, une paix généreuse, une paix humaine et humanitaire.

Avant d’en venir à l’étude et à la discussion des points concrets, il faut, comme Talleyrand l’avait fait si sagement en 1814, poser les principes. L’avantage des principes est