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garanties de sécurité. Il n’y a que la plongée qui sauve…

S’il en est bien ainsi, comme on n’en peut douter, et que d’ailleurs il soit très désirable, pour un véhicule de transport, de diminuer le poids total de l’appareil moteur, sans rien sacrifier du rayon d’action en surface et en plongée, ne se pourrait-il pas que les Allemands eussent substitué un type de moteur relativement léger à celui dont je viens de parler tout à l’heure, qui est bien le type courant dans la navigation sous-marine et qui présente beaucoup d’avantages, mais auquel on reproche avec raison sa complication et le poids considérable des accumulateurs nécessaires pour la marche sous l’eau ?

Quelques techniciens croient que le Deutschland est mû par une machine qui ne comporte qu’une seule source d’énergie, celle que fournit une chaudière à pétrole que l’on chauffe à la manière ordinaire dans la marche en surface et qui, emmagasinant pendant cette période, grâce à d’ingénieux artifices, une quantité considérable de calories, les restitue pour la propulsion pendant la période de plongée.

C’est d’ailleurs encore une idée française et qui a été appliquée en France. Malheureusement, certaines « questions à côté » ont fait abandonner trop tôt des expériences qui ont été reprises en Allemagne au grand chantier de Germania, à Kiel, suceur. sale de l’usine Krupp. Et il existe maintenant, là-bas, une chaudière d’E… — Krupp, très proche cousine de celle qu’inventa, ici, l’ingénieur M…

N’insistons pas. Aussi bien les données que nous avons sur le Deutschland et sur la série qui doit le suivre sont encore trop incomplètes, trop imprécises pour conclure à autre chose qu’à la préoccupation bien certaine des Allemands d’arriver à augmenter dans la plus forte proportion possible le « disponible » de leur nouveau submersible en tonnage utilisable pour des cargaisons de nature spéciale. Je pousserai même jusqu’à croire qu’ils n’ont pas donné à ce bâtiment une vitesse maxima en surface dépassant quatorze ou quinze nœuds, la vitesse en plongée n’allant pas au-delà de huit ou neuf. On avait parlé de 20 nœuds en surface. C’est beaucoup. Appliquée à une coque de 1 500 tonnes seulement, cette vitesse exigerait le développement d’une puissance de 6 000 à 7 000 chevaux représentant un poids de 250 tonnes, au moins, quelque remarquable que pût être le rendement du moteur employé.