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de caoutchouc. Il a été question aussi de vanadium et autres métaux rares. En ce qui touche le caoutchouc, qui est d’ailleurs assez encombrant[1], il semble que nos adversaires en aient encore, ne serait-ce que grâce à des procédas de revivification. Mais peu importe. Il ne manque point en Amérique de matières brutes ou demi-ouvrées, et d’objets confectionnés que l’Allemagne recevrait avec reconnaissance. Sans aller plus loin, que ne parle-t-on des poudres vives, des succédanés de la mélinite ou seulement de la poudre B ? Pour une puissance engagée dans un tel conflit et à qui le coton n’arrive plus en suffisance, il ne serait certainement pas indifférent de recevoir, par quinzaine, 200 ou 300 tonnes de cellulose nitrée, toute prête à être employée, ou de trinitrotoluène, chargement ordinaire, affirme-t-on, de ses obus de grosses pièces, en tout cas de ses mines sous-marines et de ses torpilles.

Mais ceci nous conduit à essayer d’évaluer la capacité de transport du sous-marin allemand « commercial. »

Essayer, dis-je, car il est bien difficile d’arriver à des précisions sérieuses sur ce sujet, du moins avec les renseignemens fournis par la presse. Celle d’Amérique varie dans ses appréciations du simple au double et donne au Deutschland aussi facilement 1 000 que 2 000 tonnes de déplacement total. J’avoue que je penchais d’abord pour le premier de ces chiffres, au moins en ce qui touche le déplacement en surface, qu’il convient de majorer de 25 pour 100 environ, si l’on veut avoir le déplacement en plongée. Mais un examen plus approfondi de la question et l’avis de certains techniciens m’inclinent maintenant un peu plus vers le second.

C’est d’abord qu’en dépit de la confiance qu’on peut mettre dans les ravitaillemens, — autorisés ou clandestins, — en cours de route, il vaut toujours infiniment mieux se suffire à soi-même ou au moins réduire au minimum, à une seule escale, par exemple, le nombre des interventions étrangères. Car enfin, les Alliés veillent. Leurs croiseurs, leurs destroyers, leurs appareils aériens ouvrent toujours de bons yeux. Avec cela, ils commencent à avoir partout leur police, leur contre-espionnage, leurs agences de renseignemens, et toutes les fois que l’on

  1. On affirme en ce moment que le chargement de caoutchouc a été mis « en vrac » dans les compartimens extérieurs de « water ballast. » L’eau qu’on introduira dans ces compartimens n’altérera pas la précieuse gomme.