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français. Chacun de ces inspecteurs en chef avait sous ses ordres plusieurs inspecteurs ordinaires, secondés eux-mêmes par des agens subalternes, préposés et gardiens. Deux directeurs des travaux s’y adjoignaient. Cette organisation, qui fut son œuvre, assurait un service indispensable ; mais elle lui imposait une lourde tâche. Le directeur, assisté d’un comité consultatif d’archéologie, devait personnellement se tenir en relations constantes avec tous ses subordonnés, recevoir leurs rapports, leur donner les instructions nécessaires ; et, en outre, traiter avec le gouvernement toutes les questions qui intéressaient le service. Fort heureusement, il y avait en Maspero un organisateur et un administrateur, qui n’étaient pas inférieurs à l’archéologue.

Tenant à voir tout par lui-même, il employait deux ou trois mois d’hiver, chaque année, a une tournée d’inspection. Il partait vers le 15 décembre, remontait le Nil jusqu’à Assouàn sur une vieille dahabiyéh, construite une quarantaine d’années auparavant pour un prince de la famille khédiviale et, depuis lors, affectée au service du musée. Puis, abandonnant son remorqueur, il redescendait le fleuve à la rame, s’arrêtant partout où sa présence lui semblait utile. Ce voyage annuel, entre des rives historiques, était d’ailleurs pour lui un demi-repos. Il aimait cette navigation paisible, qu’il faisait avec Mme Maspero et à laquelle il associait parfois des amis, des compagnons de travail. Elle lui procurait le plaisir de revoir des sites connus, pleins de souvenirs, des lieux dont l’histoire lui était familière, des aspects de la nature et de la vie orientale, qu’il observait toujours avec la même curiosité intelligente et le même intérêt. Il séjournait plus ou moins longtemps aux chantiers de fouilles, il allait voir les travaux en cours, il se faisait rendre compte de tout, et communiquait à tous, non seulement ses idées, mais ses conseils pratiques, son activité, son esprit. Vers le printemps, -il rentrait au Caire, satisfait, comme administrateur, d’avoir embrassé d’un coup d’œil tout l’ensemble de son service, et, comme historien, d’avoir renoué commerce plus intime avec l’âme de l’ancienne Égypte.

Une grande administration ne va pas sans un gros budget. Maspero, doué au plus haut degré du sens pratique si nécessaire à la conduite des affaires, n’était pas homme à négliger ce point de vue. Soit en obtenant des augmentations de crédits