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collection d’ « histoire mondiale par monographies, » éditée par une librairie catholique de Mayence, qu’il a glorifié le Grand électeur ; et c’est à la librairie même de l’Association populaire pour l’Allemagne catholique, c’est dans ce centre de München-Gladbach où se concerte l’action catholique allemande, qu’il a récemment publié son opuscule sur le Chancelier de fer, — sur cet « homme fort (gewaltiger), qui sut ouvrir au peuple allemand les portes des temps nouveaux. »

Cette éducation historique comportait des conclusions politiques : M. Martin Spahn les déduisait. Il voulait qu’à la génération catholique qui s’était plutôt soumise à l’unification bismarckienne qu’elle n’y avait collaboré, et qui lui paraissait avoir été captive, tour à tour, de certaines utopies romantiques et de certains scrupules confessionnels, une autre génération succédât, qui ferait, dans l’Allemagne telle quelle, une politique réaliste, activement nationale, voire nationaliste. Intérieurement, l’un des articles de cette politique est la germanisation de la Pologne : rien n’est plus contraire aux traditions de Windthorst ni plus conforme aux désirs de la Ligue évangélique ; mais M. Martin Spahn n’est pas homme à s’embarrasser de pareilles objections. Quant à la politique extérieure, la brochure qu’il a fait paraître l’an dernier sous ce titre : En lutte pour notre avenir[1], réclame l’ascension de l’Allemagne du rang de grande puissance (Grossmacht) au rôle de puissance mondiale (Weltmacht). C’est le Secrétariat social des Etudians, installé à München-Gladbach, qui s’est chargé de la diffusion de cette brochure. Le temps n’est plus où les dirigeans de l’action catholique ne toléraient l’attitude intellectuelle du jeune professeur que par égard pour son père, leur collègue dans le Centre. Le voilà devenu, dans le parti, une façon de publiciste officiel ; et ses opuscules naissent, vivent, essaiment, rayonnent, avec la complicité constante de cette Association Populaire pour l’Allemagne catholique, dont Windthorst, il y a trente ans bientôt, forma les premiers cadres.

Dans les respectables outres qu’avait aménagées Windthorst, on fait couler, décidément, un vin singulièrement nouveau. J’en atteste M. Mathias Erzberger, ce député souabe qui depuis quinze années était sur la brèche toutes les fois que s’agitaient

  1. Im Kampf um unsere Zukunft (München-Gladbach, 1915).