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facilement et avec plus d’avantage à Fontainebleau. Je vous ai envoyé M. Jolly [architecte] et je vous prie, après qu’il aura fait un examen rapide de Versailles et de Saint-Germain, de l’envoyer à Fontainebleau.

Cela fait, nous partirons en laissant à l’architecte quelques jours pour l’installation. J’ai constaté avec M. de Franqueville qu’on pouvait établir quatre trains spéciaux de Paris à Fontainebleau, de Fontainebleau à Paris, qui viendront en une heure au plus. Les affaires se feront donc aussi facilement que si on était à Paris même. On passera ainsi le temps d’une session plus financière que politique, et on viendra ensuite à Paris, je n’en doute pas. Quant à moi, je regarde Paris comme le but final.

Quant aux affaires, vous n’êtes pas juste sur la manière d’apprécier la lenteur de leur marche. Il a fallu choisir les 30 000 hommes qu’on vous envoie, pour ainsi dire à la fourchette, car toutes nos troupes sont dans un état pitoyable. Ajoutez que le général Le Flô [ministre de la Guerre] est toujours un peu humoriste : quand on veut le presser, il s’écrie qu’on le surmène. Enfin les ordres sont donnés depuis avant-hier, mais précisés hier avec une extrême rigueur. Les troupes qui vous arrivent seront formées en deux colonnes, l’une arrivant du Havre et de Cherbourg à Mantes, l’autre de Poitiers et du Mans à Chartres. Il faut envoyer au-devant d’elles pour les diriger sur le point que vous préférerez si Versailles n’était pas libre. A Manies et à Chartres, on trouvera deux officiers qui les précèdent et avec lesquels la communication sera plus facile. Avec 30 000 hommes et en ayant déjà 18 000 disponibles sans compter les gardiens de la paix, vous aurez 48 000 hommes et vous pouvez rétablir l’ordre peu à peu, si un combat n’a pas lieu, ou tout de suite si une bataille est livrée. Je crois que lorsque les troupes seront arrivées, les tapageurs y regarderont avant de se donner carrière. Je recommande toujours de ne pas risquer ces nouveaux arrivés au sein de la population. On pourrait faire pour eux à l’Ecole-Militaire, aux Invalides, aux Tuileries, en envoyant les troupes du général Vinoy réoccuper certains postes abandonnés, ou la caserne du Prince-Eugène (Château-d’Eau) [les installations nécessaires]. On reprendra ainsi peu à peu tout Paris et la police se fera toute seule, à moins, toutefois, d’une bataille que vous ne provoquerez pas,