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aussi les sœurs de la Congrégation de Ribeauvillé. Les autres maîtres sont, comme celui qui fit la première classe à Massevaux, des soldats, instituteurs dans la vie civile. Les petits écoliers reçurent des visites mémorables : celle du Président de la République, celle du généralissime. De toute la France, et, ce qui est plus touchant encore, de l’Algérie, des lettres leur parvinrent. C’étaient les souhaits de bienvenue de la patrie. Ils répondirent en exprimant, sur un ton de naïve sincérité, leur propre joie : on distingue très bien les lettres dictées par les maîtres de celles qui sont faites par les élèves eux-mêmes. On leur envoya des cartes postales pour leur faire connaître les plus beaux aspects de la patrie rendue, des cahiers avec des rubans tricolores, des livres et des livres. Il en vint tant pour les distributions de prix qu’on constitua, avec ce que l’on ne put employer, des bibliothèques populaires. Ces distributions de prix furent présidées par des généraux. La population, « qui n’avait pas connu de fête véritable depuis 1870, » écrit avec une noble simplicité un Lorrain, donc presque un Alsacien, M. Hinzelin, se pressait sur les bancs. A l’une de ces distributions, une fillette qui avait reçu un prix d’honneur s’écrie : « J’ai un prix de bonheur ! » L’enfant avait entendu, cela arrive souvent même aux grandes personnes, ce qu’elle avait elle-même dans son esprit et dans son cœur.

Une cérémonie plus imposante encore qu’une distribution fut l’examen du certificat d’études. Il eut lieu à Rougemont-le-Château (territoire de Belfort). Onze aspirans, et cinq aspirantes vinrent des écoles de Massevaux, Chavannes-sur l’Etang, Montreux-Vieux et Montreux-Jeune. Neuf aspirans, et quatre aspirantes furent reçus. La dictée était une page de Theuriet. Voici quel était le thème de la composition française : Décrivez votre ville d’Alsace. — Dites pourquoi votre petite patrie est si chère au cœur de tous les Français. Les copies remises sont conservées, comme des documens scolaires, au Musée pédagogique. Il y en a qui donnent l’impression d’être autre chose que des copies d’élèves, le cri du cœur de l’Alsace. Le jury se composait du recteur de Besançon, d’un professeur de Paris, membre du Conseil supérieur de l’Instruction publique, actuellement interprète sur le front, d’instituteurs, et de soldats instituteurs. Celui qui a eu le grand honneur de présider cette séance n’en a pas exagéré l’importance quand, dans le rapport adressé au