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visite qui serait inutile si elle demeurait isolée. Nous demandions qu’on l’acceptât, comme le premier retour vers de bonnes habitudes, désireux de renouer des rapports avec des parens que, depuis trop longtemps, nous aimions de trop loin et pour qui nous voulions désormais être vraiment des proches. Le consentement de nos voisins a conspiré avec notre désir. Nous avons demandé aux Universités si, comme jadis, il leur plairait d’ouvrir leurs chaires à des maîtres français ; elles ont accueilli avec la meilleure cordialité ce projet. Nous savions ne pas nous avancer trop en disant que l’Université de France verrait avec faveur des maîtres espagnols se faire chez nous les ambassadeurs de leur littérature et de leur science nationales. L’ouverture a été accueillie avec le même empressement. Une partie des étudians espagnols a conservé la coutume du Moyen Age et va s’instruire en pays étrangers, attirée aujourd’hui surtout par la science allemande : nous avons exprimé le vœu que ces étudians, plus fidèles à l’ancienne coutume, réapprissent le chemin de la France et de Paris. Nous promettions que s’ils venaient, l’on ferait en sorte que chez nous ils se crussent chez eux. En échange, nous reconnaissions, et surtout pour ceux de notre jeunesse qui se destinent à l’art, l’importance de fréquenter l’Espagne. Non seulement elle a des peintres qui sont les maîtres des maîtres, mais son architecture, si elle n’est pas la première par la beauté simple, est infiniment originale dans les surabondances de ses somptuosités. Et l’Andalousie est le trésor unique et merveilleux d’un art où le génie mauresque a reçu quelque apport du génie espagnol. Pourquoi notre Ecole de Rome n’accorderait-elle pas à ses pensionnaires le droit de passer leur quatrième année en Espagne ? L’idée, née là-bas de notre enthousiasme réfléchi, accueillie par nos hôtes comme un hommage légitime et flatteur, fait en ce moment son chemin à notre Académie des Beaux-Arts, et, sous une forme ou sous une autre, viendra, ce semble, à réalisation. Ces projets trouvent un point fixe où s’attacher : le gouvernement français a fondé depuis quelques années à Madrid, sous le nom d’Institut français, une école supérieure destinée à nos jeunes érudits qu’attirent la littérature et les archives de l’Espagne. Si l’on étend les spécialités et qu’on augmente le nombre des pensionnaires, l’Institut français leur offrira un centre et une direction utiles. Et si, comme certains Espagnols semblaient le souhaiter,