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dans ces universités même, on parle dès maintenant de la nécessité, après la guerre, de simplifier le système d’éducation, de réformer les méthodes, d’aller vite, de répondre aux besoins multiples et pressans que créera, après la paix, cette autre guerre qui suivra la guerre, la lutte industrielle et commerciale. Sans doute, ni Oxford ni Cambridge n’abandonneront leurs traditions séculaires, et il n’est point à souhaiter qu’ils les abandonnent entièrement. Mais il est impossible que de cette guerre, qui les a matériellement transformés, ils ne sortent pas, intellectuellement et moralement, un peu changés aussi.

Il est un point, et qui est d’importance, où ce changement est certain, inévitable, et on le rencontrera, semblable, dans toutes les universités d’Angleterre. Avant la guerre, les universités anglaises avaient pour la science allemande la même vénération respectueuse qui se retrouvait même en France. Il n’est pas douteux que, sur ce point, le lien brisé ne se renouera pas. « Nous n’aurons plus d’amis en Allemagne après la guerre, me disait un professeur d’Oxford. Les relations seront impossibles à rétablir. » Un des hommes les plus considérables, les plus remarquables de l’Angleterre intellectuelle déclarait non moins nettement qu’après la guerre les rapports scientifiques ne pourraient être restaures entre Anglais et Allemands. Et, dès maintenant, la direction de la Cambridge Mediaeval History, à laquelle collaboraient des historiens anglais, français et allemands, a senti l’impossibilité pour l’avenir de semblables rencontres et écarté définitivement ses collaborateurs allemands.

Inversement, c’est le désir unanime des universités anglaises de se rapprocher par des liens de plus en plus étroits des universités de France. Rappelant les fêtes qui, en 1906, accompagnèrent la constitution de l’Université de Londres, le vice-chancelier, sir Alfred Pearce Gould, disait : « C’est peut-être dans les universités des deux nations que l’entente s’est réalisée au sens le plus profond, le plus entier, du mot, — entente d’idées, entente d’idéal. Et c’est sur cette entente d’hier que s’est fondée si solidement l’alliance d’aujourd’hui. » Tout le monde aspire à rendre pour demain cette alliance plus intime encore, à compléter par l’entente intellectuelle la confraternité des armes et des cœurs. Ç’a été le thème de tous les discours qui ont souhaité la bienvenue à la délégation française, et ce n’étaient point là paroles de simple courtoisie ou