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fut, comme la suite va mieux le montrer, un des élémens qui y contribuèrent, et leur juste châtiment doit être de tout perdre pour avoir voulu tout gagner. Ils se sont jetés sur nous, par avidité gourmande ; comme punition, il faudra les faire jeûner.

Si, en effet, nous laissons un instant de côté la Lorraine française, vers laquelle notre étude nous ramènera bientôt comme vers un point central, et si nous passons en Allemagne pour examiner rapidement comment s’y répartit la production ferrifère, nous allons voir que le même gisement, prolongé au-delà d’une frontière momentanée, joue, chez nos adversaires, un rôle comparable à celui qu’il tient dans notre pays. Cette constatation faite, nous pourrons alors l’envisager dans son ensemble, en faisant abstraction d’une limite politique que les Allemands prétendaient supprimer à leur profit, mais que nous espérons bien maintenant pouvoir effacer au nôtre.

Pour l’Allemagne, les chiffres sont les suivans. En 1913, la Lorraine allemande, avec ses 30 000 mineurs, a produit plus de 21 millions de tonnes de minerai de fer sur 28,6 millions pour tout le pays. Si l’on ajoute les 6,5 millions de tonnes du Luxembourg, que l’on peut considérer comme une annexe économique et politique de l’Allemagne, on voit que le bassin de ce qu’ils appellent la « minette, » c’est-à-dire le minerai oolithique de Lorraine, leur fournit (indépendamment des pays envahis) entre les trois quarts et les quatre cinquièmes de leurs besoins : à peu près la même proportion que nous venons de trouver en France sur un total un peu moindre.

A côté de la minette lorraine, les autres districts allemands tiennent une place bien secondaire, quoique certains d’entre eux se distinguent par des qualités de minerais supérieures. Le principal est de beaucoup celui du pays de Siegen en Westphalie, dont les 62 mines fournissent environ 2,7 millions de tonnes de minerais à 35 pour 100 de fer, traités, pour la plupart, dans les hauts fourneaux du pays. Puis vient, un peu plus au Sud, le district de la Lahn et de la Dill (Nassau, Hesse) avec 1 million de tonnes. Après quoi, on trouve le district dit sub-hercynien de Peine, Salzgitter, dans le Hanovre au Nord du Harz, avec 0,8 millions de tonnes, le Vogelsberg avec 0,5 millions et un certain nombre de districts produisant environ 300 000 tonnes annuelles, comme la Bavière, le Taunus, Osnabruck, la Silésie et la Thuringe.