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orientation toute différente. Auparavant, la région du Centre possédait encore un quart de nos hauts fourneaux et fournissait, pour le fer et l’acier, le tiers de la production française. En 1913, la part de ce groupe est Lombée à 3,5 pour 100 pour la fonte et, tandis qu’il se concentrait dans l’élaboration des produits très finis, notre élaboration de produits bruts se transportait en Lorraine et celle des produits demi-finis dans le Nord, sur les mines de houille.

C’est de ce moment que date, pour notre sidérurgie française, l’essor énorme sur lequel je vais insister ; mais ce préambule historique n’aura pas été inutile pour rappeler les transformations du passé et mettre en garde contre les transformations de l’avenir. On doit penser que les conditions actuelles ne se prolongeront pas indéfiniment, et de nouvelles révolutions sont à prévoir. Pour n’en citer qu’une seule, le traitement électrique du fer, simple curiosité de l’heure présente, qui se chiffre encore à peine par 30 000 tonnes de ferros électriques et 12 000 tonnes d’acier, peut, dans un avenir relativement prochain, attirer l’attention sur des catégories de minerais inattendues et amener à disperser de nouveau les usines, comme aux temps primitifs, le long des torrens pouvant leur fournir la houille blanche. Nous aurons tout à l’heure à nous en souvenir.

Si nous envisageons maintenant l’étape finale de cette évolution industrielle à la veille de la guerre actuelle, nous voyons qu’en 1913 la France continentale a produit 21,7 millions de tonnes de minerais de fer, dont 19,5 millions, ou, en chiffres ronds, les neuf dixièmes pour le département de Meurthe-et-Moselle. Si l’on tient compte de l’Algérie, la proportion reste des quatre cinquièmes. Ces chiffres seuls sont parlans par eux-mêmes ; ils le deviennent plus encore, si on examine la loi de progression depuis 1890. Cette année-là, Meurthe-et-Moselle produisait seulement 2,6 millions de tonnes, sur 3,5 millions pour l’ensemble de la France continentale. Toutes les autres régions françaises ont donc, dans cet intervalle de vingt-trois ans, passé de 0,9 millions de tonnes à 2, 2 millions, tandis que la Lorraine seule montait de 2,6 millions de tonnes à 19,5. Quant aux réserves d’avenir, nous allons voir que la seule Lorraine compte pour 3 milliards de tonnes et tout le reste pour 300 millions.

On a beaucoup parlé, dans ces dernières années, et avec