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n’attribuons plus qu’un intérêt minéralogique. De ces exploitations anciennes datent aussi, en grande partie, les tas de scories qui sèment tant de nos bois, par exemple en Bourgogne ou dans le Maine, et qu’un an ou deux avant la guerre on s’est avisé tout à coup de rechercher avidement.

Cependant, au bas-foyer provisoire, on avait commencé bientôt à associer un petit four vertical de 2 mètres, ou 2 m. 50 de haut, à fusion plus active et d’un caractère plus permanent. Ayant vite appris à constituer un lit de fusion par des additions de substances diverses, on put fondre, par ce moyen, des minerais plus divers, plus nombreux, et assurer plus longtemps la marche d’une exploitation. Nos minerais pyrénéens correspondent à un type de ce genre qui a traversé les siècles.

Mais c’est assez parler de ces temps lointains. Pour ne pas me perdre dans l’archéologie, je saute brusquement à la fin du XVIIIe siècle. La phase qui commence sous Louis XVI s’est continuée, sans grand changement, jusque vers 1860. Elle est caractérisée par le développement des hauts fourneaux, où le coke a remplacé progressivement le bois, et par la prépondérance métallurgique du centre de la France. Le nom du Creusot symbolise cette période. Quand, sous Louis XVI, on voulut édifier les premières usines « à la manière anglaise, » une enquête prolongée fit choisir le territoire du Creusot, « aussi abondant en mines de fer qu’en charbon, » où se constitua bientôt la « mine-usine » suivant le type moderne, dont on connaît la persistante fortune. Plus tard, l’exemple fut suivi ailleurs. De cette période datent les usines du Bourbonnais (Montluçon et Commentry), celles de la Nièvre (Impby), celles de la Loire (Saint-Etienne, Saint-Chamond, Unieux, Rive-de-Gier). Toutes ces usines ont été constituées suivant le même principe pour utiliser sur place la juxtaposition d’un minerai de fer qui a disparu avec une houille qui est maintenant épuisée Ou près de l’être.

La période suivante, de 1860 à 1878, est caractérisée par le grand développement des deux procédés de fabrication de l’acier, découverts : l’un par Bessemer (brevets de 1855, 1856, appliqués en France entre 1862 et 1869) ; l’autre par Pierre Martin (brevet de 1864, vulgarisé dans les années suivantes). Ces deux procédés nécessitaient alors des minerais riches et purs sans phosphore, peu abondans dans notre pays, et ce fut là phase où l’on rechercha tout particulièrement dans nos usines