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Ainsi à midi, le 1er corps, quoique tenu en échec à sa gauche, avait vigoureusement poussé sa droite en avant. En trois points, il avait atteint la seconde ligne allemande, et il avait pris neuf canons ; mais il avait perdu beaucoup de monde, et dépensé toutes ses réserves. — A sa droite, le 4e corps avait donné avec la même énergie et le même succès. Il était à trois divisions, la 1re au Nord, la 15e au centre, la 47e au Sud. Chaque division avait deux brigades en première ligne et une en réserve. Chaque brigade faisait un front de deux ou trois bataillons, les autres en soutien. Devant les Anglais, s’étendait la grande ondulation qui porte Loos, et au-delà une seconde vague qui porte la cote 70. Anglais et Allemands allaient se battre, orientés comme les Espagnols et les Français en 1648. La 47e division, après avoir rompu le front allemand, devait former un flanc défensif, face au Sud, de façon à couvrir le reste de l’armée contre les contre-attaques qui viendraient de la région Liévin-Lens. A l’abri de cette couverture, la 15e division devait enlever Loos et pousser par la colline 70 jusqu’à la cité Saint-Auguste ; plus au Nord, la 1re division devait avancer entre la colline 70 et les lisières Sud d’Hulluch.

A 5 h. 50, les nuages de gaz furent lancés. Le rideau était si épais qu’on ne voyait plus les tranchées ennemies, éloignées de 300 mètres ; un joueur de cornemuse écossais, à la 15e division, sortit de la tranchée et se mit à jouer la marche du régiment. L’artillerie allemande tirait avec fureur, mais les mitrailleuses et la mousqueterie faiblissaient. A 6 h. 30, les troupes de tête sortirent, et en quelques minutes elles avaient rompu le front allemand.

A la droite de la 47e division, le 7e London City enlevait un de ces crassiers dont nous parlions tout à l’heure et qui forme au Sud-Ouest de Loos une double colline. A sa gauche, le 6e enlevait la première et la seconde ligne allemandes et s’y consolidait. En une heure et demie, ces deux bataillons avaient saisi leurs objectifs. — Plus à gauche, les London Irish, formant le 18e de Londres, enlevaient la deuxième ligne allemande depuis la route de Lens jusqu’au cimetière de Loos. Deux bataillons qui les suivaient passèrent l’un à droite pour saisir des jardins au Sud de Loos, l’autre à gauche à travers les lisières Sud de cette ville jusqu’à son extrémité Sud-Est. Le soir, la 47e division restait sur ces positions, malgré les plus violentes