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jaunes, puis bleus, étouffaient, vomissaient, et quand ils revenaient à eux, ils retournaient au combat. Les troupes arrivèrent jusqu’aux lisières de Saint-Julien sans pouvoir les garder ; elles avaient gagné par endroits 7 à 800 mètres. Le bois restait à l’ennemi.

Le 27, nouvelle tentative, arrêtée encore par des nuages de chlore. Le 28, les deux adversaires restent épuisés ; mais à l’Ouest du canal les Français attaquent le dernier point d’appui de l’ennemi, la tête du pont de Het-sas. Sir John French voulait arrêter là la bataille, et replier ses lignes du secteur Est, pour les accorder à ses nouvelles positions du secteur Nord. Le général Foch obtint qu’il fût sursis à ce mouvement, jusqu’à la nouvelle attaque que montait le général Putz. Cette attaque eut lieu le 30. A droite du canal, les Allemands furent repliés sur Pilkem, mais à gauche, les têtes de pont de l’ennemi ne purent être définitivement enlevées que le 16 mai.

Le 2 mai, ce furent les Allemands qui firent sans succès une nouvelle émission de chlore. Ce même jour, la ligne anglaise exécutait son repli. Liée aux Français vers la route d’Ypres à Pilkem, elle se dirigeait au Sud-Est par Wieltje, jusqu’à la colline de Frezenberg, qui s’élève au milieu des prairies. De là elle tournait au Sud, couvrait l’étang de Bellewarde et le village d’Hooge, et se recourbait enfin au Sud-Ouest jusqu’à la colline 60. Le raccourcissement était d’environ 5 kilomètres. Ainsi se constitua le front actuel. Il n’a subi depuis lors que des modifications de détail. Le 24 mai 1915, les Allemands attaquèrent le secteur Nord-Est, de Wieltje à Hooge, et gagnèrent du terrain. Mais le 31 mai, les Anglais reprenaient les écuries de château d’Hooge (à l’Est du village) et le 2 juin, le château lui-même. Les combats durèrent pendant tout juin et juillet ; le 30 juillet, les Allemands, se servant pour la première fois dans ce secteur de Flammenwerfer, enlevèrent de nouvelles tranchées près de Hooge. Le 9 août, les Anglais en reprirent 400 mètres, et la bataille s’arrêta.

Ainsi les troupes britanniques, qui depuis le début de juin ont étendu leur gauche jusqu’à Boesinghe, couvrent Ypres en demi-cercle, à une distance qui est environ d’une lieue. Ce demi-cercle n’est pas une position arbitraire. Il existe dans la nature, et il est formé d’une bande de sable, superposée à l’argile qui