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Russie, la Serbie et l’Italie, contre l’Autriche-Hongrie. Mais il n’importe. Dans l’un ou l’autre de ces groupes, en droit, dans l’un et l’autre, en fait, se retrouvent les huit Puissances représentées à la Conférence de Paris.

Nous pouvons à présent passer à l’examen du texte, qui peut-être s’éclairera par ces observations préliminaires. Le protocole final, qui gardera le nom de « Déclaration de Paris, » se compose de quatre articles. La première phrase est, pour ainsi dire, une « clause de style. » Les représentans des huit gouvernemens y affirment « l’entière communauté de vues et la solidarité des Alliés. » Cela n’est point aujourd’hui du nouveau et n’en était déjà point du tout le 28 mars. Pas même dans la forme, dans l’expression. Le dimanche 26, M. Briand, portant un toast à ses hôtes, fêtés l’après-midi, à leur arrivée, par la chaleureuse sympathie de la population parisienne, avait dit : « Nous avons vu avec quelle foi dans ses immortelles destinées l’Italie, terre d’action et de rêve, ardente et réfléchie, en même temps qu’elle poursuit sa dernière guerre d’affranchissement national, participe à la lutte gigantesque qui doit assurer le triomphe de la vraie civilisation dans la dignité et la liberté des peuples. » À quoi M. Salandra avait répondu : « Les traditions, les principes, les aspirations des deux peuples les appelaient à défendre ensemble la cause de la justice, du droit, du respect des petits États, de la rédemption des nationalités opprimées ; à cette cause nous resterons fidèles, et la signature de la paix devra en consacrer le triomphe. La confiance dans ce triomphe a été toujours inébranlable en nous. Elle trouve déjà dans les derniers heureux événemens, et elle trouvera davantage dans ceux que prépare l’union de tous les Alliés, solennellement affirmée par leur présence à Paris, la plus éclatante confirmation. » Ayant ainsi parlé, comment penser encore à « la guerra nostra, » distincte de « la guerra europea ? » L’ « égoïsme sacré » de la fin de 1914 et du commencement de 1915 s’était, à la fin de 1915, dilaté, et comme épanoui, dans la péroraison du discours de Palerme : « Tous pour un, un pour tous ; » si bien qu’il n’y avait plus qu’une seule guerre, la grande, qui n’était « nôtre » en particulier pour personne, mais qui commune à tous, indivise entre tous, de l’Yser à l’Isonzo et de Dvinsk à Kout-el-Amra, devenait pour chacun sa guerre et pour tous « notre guerre. »

En conséquence, les huit États représentés « confirment toutes les mesures prises pour réaliser l’unité d’action sur l’unité de front. » Les mesures étaient prises, étudiées, arrêtées par les états-majors